France Barter remet le troc au goût du jour

En lançant France Barter, une plateforme d’échanges de biens et services entre professionnels, Samuel Cohen et Arthur Bard veulent inciter les entreprises à sortir de l’immobilisme tout en ménageant leur trésorerie.


C’est une idée vieille comme le monde que Samuel Cohen et Arthur Bard veulent remettre au goût du jour : le troc. Mais dans une version high-tech, 21ème siècle oblige. Le barter (de l’anglais bart, qui signifie troc) d’aujourd’hui prend donc la forme d’une plateforme d’échanges de biens et services entre professionnels, France Barter, une SCIC que les deux associés ont lancée en septembre 2014.

Le principe est plutôt simple : un professionnel conclut un échange de biens ou services avec un membre de la plateforme. Une somme sera débitée de son compte ouvert dans la pseudo-monnaie de la plateforme, le barter-euro (B€). Il devra ensuite le réapprovisionner en vendant ses propres services ou produits à un autre membre du réseau. Tous les acteurs devront s’être acquittés au préalable d’un droit d’entrée de 235 € / an, et une commission de 5 % est prélevée sur chaque transaction.

Pour calculer la valeur des biens et services échangés, plusieurs solutions s’offrent aux adhérents : ils peuvent afficher un prix, ou proposer un devis. France Barter les aide à fixer les prix en fonction du marché, mais chacun est libre d’indiquer le montant qu’il veut, dans la limite de 10 000 barter-euros.

C’est au cours de ses années passées aux Etats-Unis, comme assureur risque à la Coface à New York, que Samuel Cohen a découvert le barter, dont il existe une centaine de réseaux outre-Atlantique. Et certaines très grandes entreprises y ont recours, comme Airbus en Inde il y a quelques années. Pour lui, ce mode de financement alternatif peut inciter les entreprises à sortir de l’immobilisme et les aide à développer leurs activités tout en ménageant leur trésorerie. « Nous favorisons les rencontres entre professionnels, qu’ils n’auraient pas pu faire sans la plateforme, explique-t-il. Ceux qui veulent participer remplissent un questionnaire pour bien identifier leurs besoins. »


Un algorithme de mise en relation

Les animateurs commerciaux de France Barter se chargent ensuite d’aiguiller les demandes des adhérents, avec l’aide d’un algorithme de mise en relation. C’est une spécificité de France Barter : community managers et conseillers de clientèle à la fois, ils approfondissent la connaissance des besoins des membres, pour les aider à trouver les prestataires dont ils ont besoin, à l’intérieur de la plateforme aussi bien qu’à l’extérieur, ce qui encourage d’autres entreprises à adhérer au système.

Aujourd’hui, France Barter compte plus de 230 entreprises dans les secteurs les plus variés : coursiers, sommelier en ligne, médias, comptables, graphistes, entreprises de nettoyage, menuisiers, etc. – à l’exclusion du secteur médical. « Chaque entreprise membre de France Barter en détient une part, ainsi qu’une voix qui lui permet de voter aux assemblées générales, comme tous les salariés », poursuit Samuel Cohen. Son idée, qui a le soutien du Crédit Coopératif, a d’ailleurs été labellisée « finance solidaire » par le pôle de compétitivité Finance Innovation.

Samuel Cohen et Arthur Bard, qui ont présenté leur projet dans une conférence le 21 avril dernier au Palais Brongniart, avaient réalisé en 2013 un Guide des échanges interentreprises de biens et services, édité par le ministère du Redressement productif. Un encouragement fort pour les deux associés qui espèrent réaliser cette année un chiffre d’affaires de 300 000 (vrais) euros.

FRANCE BARTER

Dominique Pialot et Pascal de Rauglaudre



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