La science au service de l’innovation sociale et environnementale

La startup SoScience aide les entrepreneurs à se développer en leur apportant les compétences techniques qui leur manquent.


De bonnes idées pour améliorer le monde, c’est un premier pas non négligeable mais parfois cela ne suffit pas. Surtout quand les compétences scientifiques manquent pour les mettre en application. C’est pour résoudre cette équation que Mélanie Marcel et Eloïse Szmatula, deux jeunes ingénieurs, ont lancé en 2013 la startup SoScience qui œuvre pour « remettre la science au service du bien commun, de l’impact social ou environnemental ». « Nous sommes des experts en recherche et innovation responsable », résume Mélanie Marcel.

L’idée de cette entreprise lui est venue alors qu’elle travaillait à un projet au Japon sur l’interaction entre les machines et les neurones, pour une société de télécommunication. Dans ses rêves, ces recherches pourraient permettre de créer des membres robotisés contrôlables par la pensée par les personnes en difficulté. Dans la réalité, l’entreprise japonaise envisageait plutôt un téléphone portable implanté dans le cerveau. « Je me suis rendue compte que je ne m’étais jamais posée la question de la finalité », raconte-t-elle. Cette réflexion a germé et, avec son associée, impliquée dans l’entrepreneuriat social, elles se sont dit qu’elles allaient « remettre les travaux des scientifiques au service de la société ».

Du savon contre la malaria

Cela passe notamment par les partenariats qu’elles créent avec des laboratoires de recherche. Grâce à l’un d’entre eux, un entrepreneur social du Burkina Faso, qui avait eu l’idée de glisser des produits anti-moustique dans du savon, de la lessive, et des produits détergents pour lutter contre la malaria, a pu être mis en relation avec une équipe dotée de compétences scientifiques et de matériel. La startup aide aussi un projet de développement de jouets connectés pour les enfants autistes ou celui d’une résine pour relancer l’industrie du jute en Inde.

Pour pouvoir financer ces partenariats, qui ne leur rapportent quasiment rien, la startup a d’autres activités.« On travaille avec de grands groupes pour les aider à orienter leur recherche et développement vers des impacts positifs, explique Mélanie Marcel. Avec une grande entreprise de cosmétiques, on a par exemple évoqué un shampooing qui pourrait dépolluer les zones où il y a trop de nitrates, une idée qui pourrait déboucher sur un projet de recherche. » Si leur démarche est plutôt bien vue, elle se heurte à des obstacles, qu’il s’agisse des questions de financement de la recherche ou de la difficulté à convaincre certains interlocuteurs. « Dans l’inconscient collectif, l’idée que l’on ne peut pas mêler business et impacts positifs est ancrée. Le contraire paraît utopique, regrette-t-elle. Cela change petit à petit, mais d’autres pays, comme les Etats-Unis, ont plus d’avance. »

Avec leur startup, les jeunes ingénieurs veulent aussi lutter contre une autre idée reçue, celle que le progrès technique serait forcément destructeur, notamment pour la planète. « On peut tout à fait avancer scientifiquement, sur notre compréhension du monde et sur les techniques que l’on utilise, tout en ayant des impacts positifs. La science, c’est un outil ! », appuie Mélanie Marcel. Pour mettre en avant le rôle que la science peut jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique, les deux fondatrices participeront d’ailleurs au Parlement des Entrepreneurs d’avenir, les 4 & 5 décembre, un moment de réflexion et de débat sur l’environnement, la société et l’entreprise, en parallèle de la COP21.

Mélanie Marcel interviendra lors du Parlement des Entrepreneurs d’avenir le samedi 5 décembre 2015 à l’Unesco.

SO SCIENCE


Texte Pascal de Rauglaudre

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