Des villes vertes, c’est bon pour la santé et l’emploi

Pour la première fois, une étude mesure les avantages économiques immédiats des espaces verts. Sa conclusion : les villes ont tout intérêt à investir davantage dans leurs parcs et leurs squares.




Ils sont présents au cœur des villes et sont plébiscités par les Français. Mais les espaces verts présentent-ils des avantages économiques ? Pour en avoir une idée plus précise, l’Union nationale des entreprises du paysage (UNEP) a commandé une étude au cabinet Asterès, dirigé par l’économiste Nicolas Bouzou. Christophe Marques, son auteur, explique pourquoi les villes ont tout intérêt à investir davantage dans les espaces verts.

Entrepreneurs d’avenir – Dans quel contexte avez-vous été amené à réfléchir sur l’utilité des espaces verts ?

Christophe Marques – Les espaces verts en France comme ailleurs dans le monde sont sous-valorisés. Ils souffrent d’un sous-investissement chronique par rapport à d’autres services publics, comme les équipements sportifs, parce qu’ils n’ont pas de valeur marchande. Nous avons donc voulu remettre un peu de rationalité économique derrière leur utilité, et nous nous sommes rendus compte qu’ils avaient beaucoup d’externalités positives.


Quelles sont-elles ?

Je peux vous en citer au moins trois. Les dépenses de santé tout d’abord : des calculs effectués dans les pays anglo-saxons ont montré comment la densité en espaces verts réduisait les dépenses liées à certaines maladies. Les économies d’énergie ensuite : l’été, les villes très denses connaissent des phénomènes d’îlot de chaleur, que les espaces verts atténuent en régulant naturellement les températures en ville et donc en limitant les besoins en climatisation. Enfin, en termes d’attractivité, la proximité d’un espace vert entraîne une hausse des prix de l’immobilier.

Comment avez-vous quantifié la richesse économique produite par les espaces verts ?

Nous sommes partis du nombre d’emplois induits par la création et l’entretien d’un espace vert. Les entreprises des espaces verts sont faiblement intensives en capital, mais fortement intensives en main-d’œuvre. Nous avons calculé le ratio entre le chiffre d’affaires du secteur des espaces verts et les emplois associés : 100 000 euros investis dans ce secteur génèrent 1,4 emploi direct, c’est-à-dire beaucoup plus que dans la quasi totalité des autres secteurs (0,3 dans l’industrie, 0,4 dans le génie civil, etc.). Sans oublier les effets d’entraînement : si un parc attire les populations, il attire aussi les entreprises, les commerces, etc.


Vous vous êtes aussi intéressé à l’impact des espaces verts sur les dépenses de santé et l’immobilier.
Comment l’avez-vous mesuré ?

Nous sommes partis d’une étude réalisée aux Pays-Bas sur la prévalence de certaines maladies, d’où il ressortait que les espaces verts la diminuaient significativement. Nous avons repris cette méthodologie en l’appliquant au terrain français, sur la base des coûts moyens de deux maladies. En augmentant de 10 % la densité d’espaces verts dans un rayon d’un kilomètre, nous avons évalué à 56 millions d’euros les économies réalisées sur le traitement de l’asthme et à 38 millions d’euros sur celui de l’hypertension. Pour l’immobilier, nous avons suivi une méthode similaire, en l’appliquant à Brest et à Angers. Dans les deux cas, la présence des espaces verts s’est avérée positive.


Quelles sont vos préconisations ?

Parmi nos propositions les plus significatives, nous préconisons la création d’une association d’élus locaux en charge des espaces verts, pour les aider à se former et à échanger leurs bonnes pratiques, un peu comme cela existe déjà dans le sport. Nous proposons aussi de rendre obligatoire la pratique de la compensation écologique à chaque préemption d’espace vert dans les communes : cela encouragera la végétalisation des villes. Et l’uniformisation du taux de TVA pour les achats de plantes et de services de plantation réduirait aussi le coût des investissements en espaces verts.

UNEP

Lire le rapport

Texte Pascal de Rauglaudre

Photo Franck Bétermin

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