Quand la science vient au secours du bio

La première étude scientifique qui quantifie précisément les avantages de l’agriculture biologique vient de sortir. Ses conclusions ? Le bio, c’est vraiment meilleur pour la santé et l’environnement.


La première étude scientifique qui quantifie précisément les avantages de l’agriculture biologique vient de sortir. Ses conclusions? Le bio, c’est vraiment meilleur pour la santé et l’environnement.

Enfin une étude qui donne une idée précise des bénéfices de l’agriculture biologique. « Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique », le dernier rapport de l’Institut technique de l’agriculture biologique (ITAB), a été présenté le 25 novembre dernier par ses auteurs Natacha Sautereau et Marc Benoît. Sa caractéristique : il est le premier à mesurer scientifiquement les effets bénéfiques de l’agriculture bio dans plusieurs domaines, l’économie, la santé, la biodiversité, la dégradation des sols, la pollinisation, etc. et à les comparer à ceux de l’agriculture conventionnelle.

Ce rapport, commandé à l’ITAB en 2015 par le ministère de l’agriculture, passe en revue 280 études, de la microbiologie des sols à l’épidémiologie, une analyse complétée par la consultation d’une vingtaine de chercheurs. Il rassemble tous les éléments scientifiques qui démontrent les impacts positifs de l’agriculture bio sur notre société, et se veut un outil d’aide à la décision dans la définition des politiques agricoles durables.

Pas de surprise pour les fans du bio

Trois grandes catégories structurent la démonstration : l’environnement, la santé et les performances sociales. Un tableau récapitule les conclusions de l’étude, et la couleur verte indique les résultats positifs de l’agriculture bio sur l’environnement.

Les convaincus des bienfaits du bio ne seront pas surpris : l’agriculture bio s’avère très bénéfique pour la qualité de l’eau, de l’air et des sols. On peut lire dans le rapport que l’eau pâtit dans toutes les régions françaises « d’une contamination généralisée par les pesticides ou leurs métabolites de dégradation, détectés dans 90 % des points de mesure, ainsi que par les nitrates ». Il faut donc dépolluer l’eau avant de la boire, ce qui engendre des surcoûts évalués entre 940 et 1490 millions d’euros par an.

Réduire la dégradation chimique et biologique des sols

« Le non-emploi de pesticides de synthèse réduit le risque de dégradation chimique et biologique des sols », rappelle par ailleurs le rapport. La pollution générée par l’agriculture conventionnelle, à base de composés azotés, de composés organiques volatils, de méthane et de pesticides, engendre des contaminations environnementales. Ceci dit, le bio pêche par ses moindres rendements, et oblige à étendre les surfaces cultivées.

« Chaque année, les centres antipoison de France enregistrent 5000 à 10 000 cas d’intoxications par pesticides », lit-on encore dans le rapport. Les études recensées dans le rapport font le lien entre l’exposition aux pesticides et des cas de cancers et de maladies, dont certaines sont aujourd’hui reconnues comme maladies professionnelles : « Des liens sont avérés ou plausibles entre les expositions chroniques aux pesticides et certains types de cancers, des maladies neurologiques, des troubles de la reproduction et du développement, des maladies respiratoires, des troubles immunologiques, etc. »

Moins de surpoids et d’obésité pour le bio

Même s’il reste difficile de chiffrer précisément les effets de l’agriculture bio sur la santé, l’étude montre bien que les consommateurs bio sont en meilleure santé, et connaissent moins de problèmes de surpoids et d’obésité, grâce à leur mode de vie plus sain et moins exposé aux produits toxiques et aux additifs.

Après les trois ans requis pour leur conversion, les fermes bio ont toutes augmenté leur volume de travail, ce qui ne se vérifie pas dans les fermes conventionnelles. L’agriculture bio serait donc créatrice nette d’emploi et de richesses, avec 10 à 18 euros par hectare de culture chaque année, et pourrait même devenir une solution pour les agriculteurs conventionnels. Enfin, le rapport met en évidence le lien social renforcé par l’agriculture bio, comme dans les Amap et les circuits courts.


Pour en savoir plus
:

Le rapport de l’ITAB « Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique ? »

La synthèse

Texte Pascal de Rauglaudre

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