Alexia de Montgolfier : réinventer l’engagement politique avec Équinoxe
À 23 ans, Alexia de Montgolfier préside un jeune parti politique, Équinoxe, et porte une vision politique fondée sur la sobriété, la solidarité et la démocratie vivante. Entre lucidité et espoir, elle appelle à reconstruire le lien et à remettre le collectif au cœur de l’action publique.
Alexia de Montgolfier est étudiante en architecture à l’EPFL et présidente du parti Équinoxe depuis janvier 2025.
Équinoxe rassemble les personnes convaincues de l’urgence de bâtir une société qui soit davantage résiliente, solidaire et démocratique. Nous œuvrons pour transformer nos modes de vie de manière à respecter les limites planétaires, pour retisser les liens de solidarité essentiels à la cohésion sociale, et pour retrouver confiance dans la démocratie. Pour cela, nous avons à cœur de débattre de manière constructive et apaisée, en se fondant sur les faits scientifiques, l’écoute bienveillante et l’esprit critique.
Entrepreneurs d’avenir : Vous avez 23 ans et êtes présidente du parti Équinoxe. Pourriez vous nous parler de vous, de votre parcours et des raisons qui vous ont amenée à prendre la présidence de ce jeune parti ?
Alexia de Montgolfier : Actuellement étudiante en architecture, j’ai appris à regarder le territoire autrement : comprendre comment on habite un lieu, comment on y crée du lien, et comment on prépare l’avenir. Au-delà des propositions pour répondre aux multiples crises environnementales ou aux injustices sociales dont notre modèle économique est la cause majeure, Équinoxe propose un futur, avec le sens de la mesure comme boussole.
L’engagement a toujours fait partie de ma vie : projets étudiants, Team for the Planet, une colocation solidaire à Lausanne… J’y ai découvert la force du collectif, nourrie aussi par mes années de scoutisme où l’on m’a transmis la simplicité, la droiture et le sens de l’accueil.
En mars 2024, je découvre Équinoxe. Un manifeste, quelques clics, une rencontre… et quelques mois plus tard, je porte la candidature du parti aux législatives à Marseille. Puis j’intègre le bureau au pôle communication, avant de me présenter avec Anatole Reverbori, salarié agricole et fondateur du parti, aux élections internes. Nous avons été élus en janvier.
Équinoxe a récemment obtenu 7 % des voix lors d’une législative partielle en Isère. Ces résultats nous encouragent à aller plus loin, avec humilité mais aussi avec détermination.
Je cherche toujours dans mon engagement à être simple et honnête. Je sais que j’ai la chance d’avoir le temps et l’énergie de m’engager. Malgré les doutes, la fatigue militante passagère, j’ai trouvé chez Équinoxe une autre manière de faire de la politique, une manière qui me correspond :
Ses idées sont ambitieuses mais toujours ouvertes au débat, sa communauté est curieuse et constamment dans l’action. Enfin sa méthode et son éthique (ce qui est super important en politique !) représentent parfaitement comment j’imagine la politique de demain : une grande transparence, une démocratie interne très forte et un lien humain qui occupe une place centrale dans l’engagement des militants et militantes.
Vous faisiez la couverture du Point il y a quelques jours, dans le cadre d’un dossier intitulé : La France contre ses jeunes. Comment réagissez-vous à la situation de notre pays (déficits, retraites, éducation, santé, sécu…) ? et que dites vous à la classe politique qui ne se mobilise pas pour s’attaquer aux problèmes systémiques de notre pays ?
Nous essayons d’être les plus lucides possible.
Nous sommes passés à côté de 40 ans de transition et d’opportunités : faire de nos services publics les meilleurs d’Europe (tant en termes d’accès que de qualité), entamer la transition nécessaire de notre société et de nos modes de vie (énergie, travail, retraite…), et renouveler notre démocratie qui s’essouffle peu à peu.
Ce sont tous ces grands chantiers qui ont été relégués au second plan au profit de querelles politiques dont nous peinons à voir le bout.
La bonne nouvelle c’est que nos concitoyens expriment de plus en plus leur ras-le-bol et leur envie d’autre chose. Et nous (le parti Équinoxe) en sommes une des nombreuses preuves.
Dans ce contexte, notre mot d’ordre est simple : renouer le dialogue. Chez Équinoxe nous appelons chacun et chacune à prendre sa part de responsabilité mais en mettant en avant le principe de solidarité inter et intra générationnelle.
Alors Équinoxe, un nouveau parti, dans un contexte d’offre partisane déjà assez éclectique. Que propose Équinoxe aux français et qu’est ce qui fait la spécificité et la crédibilité de votre démarche et quel contrat social proposez vous ?
Équinoxe s’est construit autour d’une conviction forte : notre modèle politique et économique ne parvient plus à répondre aux défis du XXIᵉ siècle. Face à la crise écologique, à l’épuisement démocratique et à la montée des inégalités, nous proposons une voie fondée sur la sobriété, la justice et une bascule démocratique.
Notre première ambition est de faire face à la crise climatique. Cela implique d’inscrire l’activité économique dans les limites planétaires, de réduire progressivement les activités les plus polluantes et de renforcer la résilience du pays face aux chocs climatiques et aux pénuries à venir. Nous défendons une vision où la souveraineté (alimentaire, énergétique…) devient un pilier stratégique, en privilégiant la relocalisation, la coopération territoriale et un usage responsable des ressources naturelles.
Nous souhaitons également redéfinir la prospérité. Sortir de l’illusion de la croissance infinie pour placer au cœur de l’action publique la qualité de vie, l’équilibre écologique et l’équité entre les générations. Cela suppose de repenser la place du travail, de valoriser les métiers essentiels, de reconnaître l’importance du travail non marchand et de garantir à chacun et chacune des conditions de vie dignes.
Notre projet repose enfin sur une démocratie refondée. Nous voulons associer plus étroitement démocratie représentative et démocratie délibérative et renforcer l’autonomie des territoires grâce au principe de subsidiarité. L’objectif est clair : permettre à chacun d’agir, de contribuer, et de prendre part aux décisions qui le concernent.
Ce contrat social s’inscrit dans une vision cohérente : faire émerger une société conviviale, sobre et engagée, où les techniques, les institutions et l’économie demeurent au service des citoyens et citoyennes et du lien social. Une société où les faits scientifiques, l’esprit critique et la culture deviennent des repères centraux pour éclairer l’action publique.
Comment abordez vous les deux grandes échéances électorales qui se profilent ? Les municipales et la présidentielle ? qui seront vos candidats et dans quelles villes ? serez vous candidate ?
Les élections municipales constituent, à nos yeux, l’échelle la plus pertinente pour renouer le dialogue entre citoyennes, citoyens et responsables politiques. Les maires demeurent les derniers élus envers qui les Français accordent une véritable confiance !
Pour 2026, notre objectif n’est donc pas de « gagner des mairies », mais de se mettre au service de l’engagement. Les municipales représentent un levier essentiel pour rebâtir une démocratie apaisée : c’est à cette échelle que l’on peut recréer du lien ! Une transformation durable ne pourra advenir que grâce à des communautés qui se mobilisent, débattent sereinement et acceptent de prendre collectivement leurs responsabilités.
Nous soutiendrons aussi bien des équipes motivées que des collectifs émergents ou des élus déjà engagés dans leurs territoires. Toute dynamique qui renforce l’espace démocratique local et contribue à faire évoluer les pratiques politiques est la bienvenue.
Pour en savoir plus : https://parti-equinoxe.fr/municipales-2026/
Bien sûr, nous avons également en perspective les prochaines législatives et l’élection présidentielle. Mais ces échéances viendront en leur temps. La priorité d’Équinoxe aujourd’hui est l’ancrage territorial, car aucune stratégie nationale ne peut être crédible si elle n’est pas enracinée dans les réalités du pays.
De quoi avez-vous besoin aujourd’hui pour grandir et peser dans cette période particulièrement critique et grave ?
Nous avons besoin de deux choses : de l’engagement et du soutien.
D’abord, de l’engagement de toutes et tous, et en particulier des femmes, trop souvent écartées de la vie publique. Équinoxe accompagnera toute personne souhaitant s’engager pour sa commune. Sans condition, sans contrepartie. C’est notre manière de montrer que nous sommes un parti au service de la société, et pas l’inverse.
Ensuite, oui, nous avons besoin de moyens.
Aujourd’hui, 75 % de notre financement provient de dons de particuliers. C’est une force, mais c’est aussi une fragilité. Pour peser dans le débat public, structurer le parti et préparer sereinement les échéances, nous avons lancé une grande levée de fonds jusqu’à fin décembre 2025 : https://membres.parti-equinoxe.fr/equinoxe-lance-sa-plus-grande-levee-de-fonds/
Nous cherchons à la fois des grands donateurs et des soutiens réguliers.
Parce que la démocratie ne se reconstruit pas sans moyens.
Faire un don, c’est permettre très directement l’émergence d’une alternative crédible et désirable.