Les Patrons prennent la parole pour la compétitivité et le développement économique de notre pays.
2000 dirigeants français, dont Nicolas Sériès, Président de WSA France, appellent la classe politique à sortir de l’immobilisme fiscal. Une tribune pour rappeler l’importance de soutenir les entreprises, l’emploi et la production sur nos territoires.
Entrepreneurs d’avenir : Vous faites partie des 2000 dirigeants d’entreprise qui ont signé une tribune récemment pour appeler la classe politique à éviter que notre pays s’enlise. Comment cette mobilisation a été organisée ? C’est une démarche assez atypique d’où vient-elle ?
Nicolas Sériès : Cette démarche a été initiée par Erwan Le Noan, partner du cabinet de conseil Altermind et membre du conseil scientifique et d’évaluation de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), et Eric Maumy, président d’April, le leader européen du courtage en assurances. Ils sont tous deux à l’origine de la tribune Trop c’est Trop regroupant des patrons qui se soulèvent contre la folie fiscale de nos parlementaires. En tant que dirigeant, j’ai été contacté et je n’ai pas hésité un instant à signer alors que je n’ai pas pour habitude de m’engager dans ce type de cause.
Pourriez vous revenir sur ce que vous dénoncez collectivement ?
Aujourd’hui, notre dynamique économique est à l’arrêt même si certains chiffres macroéconomiques peuvent être trompeur. Les jeunes diplômés des plus hautes écoles ne trouvent pas de travail, les entreprises diffèrent leurs investissements, les budgets pubs sont au plus bas ; clairement les entreprises ont appuyé sur le bouton pause, tellement elles sont tétanisées par le délire fiscal de députés qui semblent déconnectés du monde de l’entreprise, c’est-à-dire le monde de l’économie réelle qui crée de la richesse et de la croissance.
Que proposez-vous pour redonner à notre pays des marges de manœuvre financières pour l’état et le rendre plus efficace (désendettement et fiscalité) et en même temps soutenir la compétitivité des entreprises ?
Pendant trop longtemps, les chefs d’entreprises ont travaillé en silence, persuadés que les résultats parleraient d’eux-mêmes. Discrets par souci d’efficacité, et non pas par désintérêt du débat public. Mais ce silence a laissé le champ libre à des caricatures. Aujourd’hui, les chefs d’entreprises doivent reprendre la parole : non pour défendre des intérêts particuliers, mais pour rappeler une évidence oubliée — sans entreprises, il n’y a ni croissance, ni emploi, ni modèle social durable.
Il manque en France un lieu où les mondes académique, économique et politique travaillent ensemble à expliquer l’entreprise, à faire de la pédagogie économique, et à réconcilier les Français avec la création de valeur.
Sur les retraites, n’y a-t-il pas eu un rendez-vous manqué avec ce fameux conclave qui aurait pu aboutir à un compromis avec les syndicats ?
Ce sujet empoisonne la vie publique française et de mon point de vue nous éloigne des vrais enjeux. Lorsque le système a été créé en 1945, l’âge de la retraite était de 65 ans pour une durée de vie de…65 ans. Aujourd’hui l’espérance de vie des femmes dépasse les 85 ans… et nous ne pensons pas qu’il faille tout revoir ? C’est ridicule. Et pendant ce temps, on ne parle pas d’IA, de compétitivité des entreprises françaises, de la concurrence asiatique ou chinoise, de souveraineté économique de notre pays.
Comment expliquez vous que notre pays n’arrive pas à trouver un compromis fiscal et budgétaire pour sortir la France de cette situation périlleuse ?
Je pense que les députés n’ont pas compris les enjeux, enfermés qu’ils sont dans leurs dogmes et leurs postures. Et que personne n’ose s’attaquer à la source du problème ; les dépenses sociales sont devenues hors de contrôle et ne sont plus en phase avec ce que la société française est capable de générer comme richesse. Et tout cela doit s’analyser dans un environnement mondialisé et pas uniquement franco français.