Maxime Blondeau : Le cartographe des imaginaires et des territoires vivants

Entrepreneur engagé, enseignant et auteur, il dépoussière la cosmographie pour en faire un outil d’analyse de nos sociétés, de nos territoires et de nos imaginaires. À travers ses projets, son livre Géoconscience, et ses expositions, il explore l’écologie de l’attention et le rapport intime que l’humain entretient avec l’espace qu’il habite. Rencontre avec un penseur qui veut réconcilier spiritualité et stratégie pour écrire collectivement le récit du monde de demain.

 

Entrepreneurs d’avenir : Maxime, tu es devenu une figure d’autorité de la cosmographie en lui donnant une nouvelle vie : peux-tu nous en dire plus et présenter le parcours qui t’a mené à prendre la parole ?

Maxime : La cosmographie est une discipline très ancienne. Claude Ptolémée était déjà cosmographe il y a 2 000 ans à Alexandrie. Au Moyen-Age on peut citer Pierre d’Ailly, l’auteur d’Imago Mundi, Au moment des Lumières, on peut aussi évoquer le naturaliste Alexandre de Humboldt, l’auteur de Cosmos. La cosmographie, c’est donc l’ancêtre de la géographie. Une discipline transversale qui interroge notre perception de l’univers. Elle existe toujours en astrophysique, c’est elle qui permet de décrire les phénomènes lointains comme la naissance d’une étoile ou la physique des galaxies.

Mais mon travail c’est plutôt de l’appliquer aux sciences humaines, au territoire vécu, à l’économie et à ce qui nous entoure.

Je suis diplômé d’école de commerce, puis de Sciences Po à Paris, et 10 ans après, j’ai repris des études en anthropologie qui s’interroge sur le phénomène humain.

D’une certaine manière, je relie toutes ces approches par mon travail. J’apporte des sciences humaines et de l’art dans les tableurs excel des entreprises et des administrations. Ce faisant, j’interroge la hiérarchie des valeurs spirituelles autant que stratégiques. Le triptyque que j’utilise pour expliquer la cosmographie, c’est la rencontre entre Territoire, Technologie et Imaginaire.

 

 

Tu es à la fois entrepreneur (SailCoop co-fondée avec Maxime de Rostolan et Arthur Le Vaillant qui redonne une nouvelle vie au transport de passagers à la voile), mais aussi co-fondateur du Printemps Ecologique, enseignant- conférencier et auteur avec ce premier ouvrage, Geoconscience  (« imaginer le monde, percevoir le territoire, intégrer le milieu ») : quelle est l’intention qui te conduit ?

Maxime : mon intention, c’est de porter une idée simple : « la perception humaine du territoire doit se transformer, elle doit évoluer ». Je diffuse ce message de plusieurs manières : en enseignant, en écrivant, en entreprenant, et en conseillant des entreprises et des gouvernements. C’est le sens profond que je donne à mon existence.

Depuis 3 ans, depuis que mes publications ont rencontré une audience, je réalise que le territoire, au sens matériel et immatériel, c’est ce qui nous rassemble, c’est aussi ce qui nous apporte le bonheur. Tous les groupes sociaux, culturels, générationnels entretiennent un lien particulier souvent intense avec l’endroit où ilsvivent. C’est l’identité, c’est le loisir, c’est le plaisir, mais c’est aussi le travail, la culture, les ancêtres ou la descendance. Le territoire, c’est une richesse infinie, et notre manière d’en parler n’est pas sans lien avec le numérique. Dans le séminaire que je porte à Sciences Po depuis 10 ans, qui s’appelle La Programmation du monde, j’interroge les effets que produisent les technologies numériques sur notre conscience et notre perception de l’endroit où nous vivons. Que ce soit à travers le voilier, les géodonnées ou les publications sur Linkedin, ce qui m’intéresse c’est l’écologie de l’attention.

 

 

Quels liens fais-tu entre toutes tes activités ?

Maxime : Suite au succès de mes publications sur Linkedin, j’ai fondé Cosmorama, une société de production de contenus en 2024. Son premier chantier a été la coédition de Géoconscience, mon premier livre, paru aux éditions Allary. Ensuite, plusieurs projets d’exposition ont vu le jour : Géoconscience, puis Down to Earth et Place des Nations. Ce sont des projets scénographiques qui vivent leur vie en ce moment, avec des entreprises, des villes et même les Nations Unies qui ont décidé de s’associer à ces formats. Il y a quelques semaines, nous avons aussi lancé The Cosmograph, un web média qui interroge la représentation du territoire et du vivant dans les grandes oeuvres de fiction, pour équilibrer les piliers de la cosmographie : Territoire, Technologie et Imaginaire.

 

 

Comment souhaites-tu contribuer au mouvement de bascule espéré pour notre monde que tu connais bien pour en observer un nombre infini de cartes ? Quels sont les acteurs avec lesquels tu imagines pouvoir opérer cette bascule ?

Maxime : J’ai envie de travailler avec la jeunesse en ce moment, mais aussi avec les grands producteurs d’imaginaires. Et ce ne sont pas que les industries du cinéma ou de la vidéo. Je dis souvent qu’une entreprise, c’est un système de croyance, avec une culture et un récit collectif. Comment reçoit-elle ce qui l’entoure ? Comment le perçoit-elle ? Comment le conçoit-elle ? Les entreprises, les collectivités, autant que les gouvernements sont d’extraordinaires producteurs d’imaginaires. Je pense que nous avons besoin d’aligner nos regards, tout en valorisant nos particularités, nos identités, mais aussi contribuer à un récit commun, celui de l’univers que nous habitons et dont nous dépendons, pour nos économies et nos sociétés. Ecrire le monde, il n’y a rien de plus réel.

 

Une interview réalisée par Coryne Nicq • juillet 2025

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