Quand la seconde main devient la norme : Easy Cash en éclaireur du réemploi
À la tête d’Easy Cash, Anne-Catherine Péchinot dirige le premier réseau français dédié à la seconde vie des produits. Avec 25 ans d’expérience, 165 magasins et plus de 16 millions d’articles réemployés en 2024, l’entreprise prouve que la seconde main n’est plus une alternative mais une référence économique et sociétale.
Entrepreneurs d’avenir : Vous dirigez une entreprise pionnière du réemploi, Easy Cash. Pourriez-vous nous préciser les informations clés de l’entreprise et ses grands atouts ?
Anne-Catherine Péchinot : Easy Cash est le premier réseau français dédié à la seconde vie des produits.
Avec plus de 165 points de vente, 1 600 collaborateurs et des millions de clients, l’enseigne a réalisé en 2024 un chiffre d’affaires de 284 millions d’euros, avec plus de 16 millions de produits achetés et revendus.
Cela fait 25 ans que nous exerçons ce métier, et cette longévité est une force : notre expérience nous permet de bien comprendre les besoins de nos clients
Nos atouts sont nombreux :
- un modèle hybride physique et digital particulièrement efficace,
- des circuits courts : les produits vendus dans un magasin ont été rachetés dans ce même magasin,
- une expertise unique dans la reprise et la revente de produits d’occasion avec des outils de pricing sophistiqués,
- un réseau de franchisés engagés,
- et surtout, de vrais engagements clients : garantie 2 ans, produits testés et contrôlés, satisfait ou remboursé sous 30 jours… le tout à des prix ultra accessibles
L’économie circulaire devient un enjeu majeur dans un monde aux ressources finies. Quelle est, selon vous, la prochaine frontière à franchir et comment opérer un changement d’échelle pour votre groupe ?
La prochaine frontière à franchir pour l’économie circulaire , c’est le changement d’échelle. Il faut en effet accélérer le développement de l’offre de seconde main, structurer les filières de réparation, et professionnaliser les métiers en reconnaissant les compétences et les diplômes. Cela implique aussi de créer des écosystèmes solides entre acteurs publics et privés et de faire évoluer le cadre réglementaire et fiscal.
Chez Easy Cash, cela se traduit très concrètement dans notre feuille de route : mise en place d’ateliers de réparation dans nos magasins mais également par la diversification de nos activités. Nous avons ainsi créé une ESS avec des réparateurs bordelais pour réparer des téléphones, ouvert notre école de formation à l’extérieur, déposé un titre auprès de France Compétence pour valoriser le métier d’acheteur de produits d’occasion et créé une filiale pour aider les acteurs du neuf à se lancer dans l’économie circulaire.
À votre niveau, comment garde-t-on le cap dans un secteur en constante mutation ? Vous arrive-t-il de devoir arbitrer entre performance et exigence éthique ?
Chez Easy Cash, nous ne transigeons jamais sur l’éthique. C’est elle qui guide nos choix, nos partenariats et notre manière de faire du commerce, au quotidien.
Easy Cash est un réseau de franchisés composé de commerçants indépendants, profondément ancrés dans leurs territoires. Les accompagner, c’est respecter le rythme de chacun tout en gardant le cap sur l’essentiel. Nos équipes terrain sont mobilisées chaque jour pour cela et aide notre réseau à conjuguer performance économique et impact positif. Car nous en sommes convaincus : la performance est indispensable. Elle permet de faire vivre nos équipes, de pérenniser notre modèle et d’investir dans l’avenir — sans jamais renier nos valeurs
Le réemploi évolue vite, entre plateformes numériques, automatisation, IA, nouveaux services… Quels projets ou tendances vous inspirent particulièrement ? Sur quoi allez-vous devoir innover ?
Le commerce vit une transformation majeure, portée notamment par l’émergence de l’intelligence artificielle générative. Cette révolution ouvre de nombreuses perspectives : fiabiliser l’expertise produit, affiner le pricing, simplifier les tâches du quotidien pour nos équipes. Ce sont autant de leviers que nous explorons activement chez Easy Cash.
Mais cette transformation technologique ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel : le commerce est avant tout une affaire de lien humain. Nous croyons profondément à la force du local, aux circuits courts, et au rôle central du magasin physique. C’est un lieu d’échange, de conseil, de confiance — un espace où l’on vient non seulement pour acheter ou revendre, mais aussi pour vivre une expérience et partager des valeurs.
Vous êtes au cœur d’une révolution discrète : on revend, on loue, on échange… Pensez-vous qu’un jour, ces usages changeront profondément notre manière de posséder, voire de désirer ? Quel rôle peut jouer Easy Cash dans cette révolution culturelle et comportementale ?
Nous vivons une transformation profonde de notre rapport à la possession. Aujourd’hui, ce qui compte, ce n’est plus tant de posséder que d’accéder et d’utiliser. Cette évolution est portée par une prise de conscience écologique, mais aussi par une quête de sens et de liberté.
Cette transition s’inscrit dans une évolution plus large : les modèles économiques de demain ne seront plus fondés sur les volumes, mais sur la maximisation de la valeur ajoutée.
Nous sommes convaincus que la seconde main va devenir un nouveau standard de consommation. C’est pourquoi nous aidons les acteurs du neuf dans leur transition vers des modèles plus circulaires, en mettant à leur disposition notre savoir-faire, nos outils et notre réseau. Nous voulons également accompagner les consommateurs. Il est important d’expliquer l’impact positif de chaque achat, notamment en termes de réduction des émissions de CO₂. La communication d’un gain carbone par article peut être un levier puissant, à condition qu’elle soit claire, transparente et contextualisée. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à leur empreinte environnementale, mais ils attendent des données concrètes et compréhensibles.