Du chantier au panneau solaire : Velkia, ou comment électrifier l’avenir
Avec cinq entreprises historiques stéphanoises et plus de 50 ans de savoir-faire, Velkia transforme l’électricité en levier concret de la transition énergétique. Du photovoltaïque aux initiatives de réemploi, en passant par la sensibilisation et l’innovation terrain, le groupe illustre qu’électrifier l’avenir passe par des actions visibles, efficaces et durables.
Entrepreneurs d’avenir : Pourriez-vous nous présenter le groupe Velkia et ses métiers dans le domaine de l’électricité ?
Jérôme Teste : Velkia regroupe cinq entreprises d’électricité implantées de longue date dans le bassin stéphanois – Bonnaire, EIC, JULEO, CEI et JULEO PV – dont certaines sont présentes depuis plus de 50 ans. Ensemble, nous couvrons tous les métiers de l’électricité, tant dans le bâtiment que dans l’industrie, exclusivement à destination d’une maîtrise d’ouvrage professionnelle. Nos clients sont principalement des promoteurs, des agenceurs, des industriels, des bailleurs sociaux et des collectivités.
Nous avons élargi notre activité au photovoltaïque il y a quatre ans, afin d’accompagner la transition énergétique.
Sur le plan humain, Velkia rassemble aujourd’hui environ 75 salariés, auxquels s’ajoutent régulièrement 25 sous-traitants ou intérimaires. Nos équipes sont riches de 10 nationalités différentes, comptent 13 % de femmes, et affichent une ancienneté de 9 ans en moyenne.
Nos engagements pour le climat se traduisent concrètement au sein de l’entreprise : 20 % de notre flotte est électrique, nous disposons d’une centrale photovoltaïque couvrant 30 % de nos besoins en énergie, et nous menons chaque année trois actions de sensibilisation auprès des salariés.
La croissance du solaire est fulgurante (de 20 à 25 GW installés aujourd’hui avec un objectif national à 70 GW d’ici 2035). Comment garantir une expansion ordonnée, tout en préservant la qualité des installations ? Et quel rôle joue le GMPV dans ce déploiement ?
Il est très difficile de garantir une expansion parfaitement ordonnée du photovoltaïque : c’est justement tout l’enjeu pour une fédération comme la nôtre. L’État fixe des objectifs ambitieux à travers la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et met en place des mécanismes d’incitation, mais c’est ensuite le marché qui s’autorégule, souvent dans la précipitation.
Ce déséquilibre ouvre la porte à des comportements opportunistes : éco-délinquance, montages financiers douteux, ou encore opérations menées sans réelle compétence.
Dans ce contexte, le rôle du GMPV est fondamental : nous établissons des règles de bonnes pratiques, nous accompagnons cette montée en compétence, nous défendons la qualification des entreprises et nous informons l’ensemble des acteurs de la filière, quelle que soit leur taille.
L’autoconsommation solaire progresse, mais reste encore marginale. Qu’est-ce qui freine son développement aujourd’hui ?
L’autoconsommation connaît une forte dynamique, en particulier l’autoconsommation individuelle. Ce qui reste encore en retrait, c’est l’autoconsommation collective – pourtant essentielle sur le plan social – que nous soutenons activement.
De plus en plus de projets sont aujourd’hui pensés pour maximiser l’autoconsommation : c’est le cas par exemple des ombrières photovoltaïques sur les parkings de grandes surfaces.
L’avenir énergétique passera nécessairement par ce type de modèle, d’autant plus que le réseau électrique est fréquemment en situation d’excédents. Le nombre d’heures où le prix spot de l’électricité est devenu négatif est en constante augmentation: 102 heures en 2022, 147 en 2023, 352 en 2024, et déjà 361 heures enregistrées sur les seuls sept premiers mois de 2025.
Quel est votre regard sur l’engagement de la France sur la transition énergétique ? Avons-nous une politique assez ambitieuse et cohérente ?
Je suis d’un naturel mesuré et j’ai grandi, comme beaucoup, dans une France fortement marquée par le nucléaire. Comme le souligne Jean-Marc Jancovici, le nucléaire reste aujourd’hui une énergie difficile à remplacer, avec un bilan carbone faible.
Cela dit, le développement des énergies renouvelables – et notamment du photovoltaïque – progresse rapidement, et la France commence à rattraper son retard par rapport à ses voisins.
Sur le plan de la production, nous sommes donc sur la bonne voie. En revanche, du côté des usages, des signaux d’alerte apparaissent : ralentissement des ventes de véhicules électriques, reports d’investissements dans les industries fortement consommatrices d’énergie… Il est crucial que notre politique reste cohérente et stable dans le temps, ce qui nécessite un cadre législatif plus lisible et moins soumis aux revirements politiques.
Vous êtes très engagé en matière de responsabilité sociale et écologique (la Convention des entreprises pour le climat, management des équipes, APM…). Quelle sont vos réalisations et vos objectifs sur le champ de la RSE ?
Mon engagement a d’abord pris forme à travers le développement de l’activité photovoltaïque, à la fois au sein de mon entreprise et dans le cadre de mon rôle à la FFB. Je souhaitais donner du sens à notre modèle économique en l’ancrant dans les enjeux énergétiques et climatiques actuels.
Ensuite, comme dans beaucoup d’entreprises locales à taille humaine, la responsabilité sociale se vit au quotidien : qualité de vie au travail, outils performants, locaux modernes, activités extra-professionnelles proposées aux équipes… Tout cela contribue à créer une relation de proximité entre direction et salariés.
Sur le volet environnemental, nous avons engagé de nombreuses actions concrètes ces deux dernières années. Nous développons actuellement un stock de matériaux pour le réemploi, et nous avons multiplié les initiatives de sensibilisation : achat de vélos électriques, diagnostic de biodiversité sur notre site, ou encore organisation de « cafés climat » avec nos clients. Nous croyons à une écologie de terrain, accessible et partagée.