Ekip : Le 1er titre restaurant engagé.

Avec Ekip, Julien Derville transforme les solutions d’avantages salariaux, comme les titres-restaurant et la carte cadeau, et accompagne les entreprises et leurs collaborateurs dans une démarche à la fois écologique, sociale et solidaire. Une vision pragmatique, sociale et territoriale pour aider les entreprises à s’aligner avec les limites planétaires — sans sacrifier performance ni pouvoir d’achat.

 

Entrepreneurs d’avenir : Julien, tu es le co-fondateur de Ekip, un titre restaurant écologique et solidaire mais aussi un système de carte-cadeau  : peux-tu nous dire en quelques mots ce qui t’a conduit à créer cette entreprise et quel a été ton parcours ? Peux-tu aussi nous présenter rapidement la solution EKIP ?

Julien Derville : Je suis né dans une famille d’entrepreneurs, et ça m’a très tôt donné le goût de créer. Je suis aussi un passionné de sport, de nature et d’innovations. Je fais partie de ces optimistes qui pensent que toutes les solutions existent déjà ou presque !
On n’a jamais été aussi conscients des problèmes qu’aujourd’hui, on n’a jamais été autant connectés les uns aux autres, capables d’agir en coopération, en grand nombre. Le sujet, ce n’est plus d’inventer des solutions, c’est plutôt « comment on les passe à l’échelle».
Avant Ekip, j’ai créé deux entreprises, avec une envie qui devenait de plus en plus forte : aligner mon travail au quotidien avec mes convictions personnelles, notamment sur les enjeux écologiques et sociaux. Alors, ce qui m’a conduit à créer Ekip, c’est un double constat :
– d’abord, un constat très concret : mieux consommer, ça coûte souvent plus cher. Manger mieux, bio, acheter local, privilégier la qualité, etc. sur le ticket de caisse, ce n’est pas toujours accessible. Et cela devient un vrai frein, surtout dans un contexte d’inflation. On ne peut pas demander aux gens de “faire leur part” si, à chaque fois, cela leur coûte plus cher à la fin du mois.
– Ensuite, j’ai observé que, dans le même temps, les entreprises disposent de budgets très importants pour la restauration, les avantages salariés, les cadeaux, les incentives, etc. Et ces budgets sont encore trop rarement utilisés pour soutenir la transition écologique et sociale, alors qu’ils pourraient être un levier énorme.

C’est de là qu’est née Ekip, une solution globale d’avantages salariaux qui permet de transformer des budgets existants (restauration, avantages, cadeaux, CSE…) en un levier concret de consommation plus responsable, sans faire peser le coût de la transition sur les salarié.e.s.

 

 

Ekip se présente comme une solution pour repenser et augmenter la contribution de l’entreprise et de ses salariés pour faire face aux limites planétaires. Comment votre outil et votre approche permettent-ils de concilier efficacité économique, respect des limites écologiques et sociales et robustesse ?

L’idée d’Ekip, ce n’est pas de leur demander un effort supplémentaire, c’est de mobiliser des budgets qui existent déjà dans l’entreprise (titres-restaurants, avantages, cartes cadeaux…) pour rendre ces choix plus responsables accessibles, sans que ça pèse plus sur leur fin de mois.
Sur le plan économique, on reste donc dans une logique d’efficacité budgétaire : les avantages salariaux sont exonérés de charges patronales et sociales. L’entreprise ne dépense pas plus, elle dépense autrement. Elle continue à offrir des avantages attractifs, mais en cohérence avec ses engagements climatiques et sociaux. C’est là que se crée la valeur : en même temps pour le pouvoir d’achat, la marque employeur et la crédibilité de la stratégie RSE.

Un exemple concret : une entreprise de services (250 salarié.e.s) a basculé l’ensemble de ses titres-restaurant et cartes cadeaux sur Ekip en 2024. Avant, la majorité des dépenses partait vers des enseignes assez classiques, souvent plus carbonées. Avec Ekip, on observe que les salariés consomment en moyenne trois fois plus dans des lieux engagés qu’avant (circuits courts, bio, commerces indépendants, restauration durable). Cette réorientation a permis d’éviter environ 26 tonnes de CO₂ grâce à des choix de consommation plus vertueux. C’est un levier très concret, même si on sait que, contrairement à la cantine d’entreprise, les titres-restaurants ne sont presque jamais intégrés dans le bilan carbone.
L’autre effet, plus indirect mais encore plus important, touche à la cohésion interne. Dans cette entreprise, les indicateurs de climat social se sont améliorés : motivation en hausse, perception plus positive des avantages, sentiment de cohérence renforcé.  Et c’est quelque chose que l’on observe globalement : les salarié.e.s des entreprises équipées d’Ekip sont environ deux fois plus fidèles que la moyenne. Ce n’est évidemment pas “grâce à Ekip” seul, mais cela confirme que les actions RSE renforcent l’attachement des salarié.e.s pour leur entreprise…et donc la performance collective.

 

Les crises révèlent la fragilité des organisations traditionnelles. En quoi Ekip, en favorisant le sens et l’impact territorial dans une consommation plus responsable, prépare-t-elle les entreprises à devenir plus robustes face aux chocs en cours et ceux à venir ?

Honnêtement, Ekip tout seul ne suffit pas à rendre une entreprise “robuste” face à toutes les crises, et je n’ai pas envie de le prétendre. En revanche, on agit sur un levier très concret : la façon dont l’entreprise prend soin de ses équipes et de son territoire à travers ses avantages salariaux.
Pour les salarié.e.s, c’est un signal fort de voir que leurs avantages financent une consommation plus responsable, sans leur coûter plus cher. Cela renforce le sentiment de cohérence et la marque employeur, dans un contexte où l’attractivité et la fidélisation deviennent critiques.
Et une partie de ces dépenses va soutenir des acteurs locaux : agriculteurs, commerces de proximité, services de transition… À l’échelle d’une entreprise, ce sont des flux non négligeables qui irriguent le territoire. Donc non, on ne règle pas tout, mais on contribue à rendre l’entreprise un peu plus alignée, un peu plus attractive et un peu plus ancrée, ce qui compte beaucoup en période de crise.

En complément d’Ekip, je vois trois types d’outils ou de pratiques qui peuvent vraiment renforcer l’impact des organisations face aux limites planétaires.
1. Des outils de mesure : l’être humain est très mauvais pour les ordres de grandeur : on surestime souvent certains leviers (“le local avant tout”) et on en sous-estime d’autres (l’impact réel de la viande, par exemple). Notre intuition trompe facilement la réalité. Disposer d’un bilan carbone solide, d’outils d’analyse des achats ou d’une comptabilité socio-environnementale permet de remettre les choses à leur juste place et d’identifier les vrais leviers d’action. Tant qu’on ne mesure pas, on optimise rarement.
2. Des dispositifs d’engagement interne : fresques (climat, alimentation, biodiversité), ateliers d’intelligence collective, programmes d’intrapreneuriat… Tout ce qui permet aux équipes de comprendre les enjeux, d’intégrer les ordres de grandeur et de devenir actrices de la transition. Une organisation qui embarque ses équipes va beaucoup plus loin.
3. Des solutions très opérationnelles : cela dépend évidemment de ce que l’entreprise mesure, mais je vois deux types d’actions : d’un côté, des gestes simples à impact immédiat : Ekip, activer le forfait mobilité durable, revoir quelques achats courants, réduire les déchets ou mieux piloter l’énergie des bureaux, et de l’autre, des actions plus structurantes et souvent plus impactantes (et cela dépend souvent de la nature du business).

 

Votre outil s’appuie sur la technologie pour améliorer le travail, mais le numérique a lui-même un impact environnemental. Comment Ekip intègre-t-elle une démarche de sobriété numérique et d’éco-conception dans son développement ?

On a regardé les ordres de grandeur : chez Ekip, le numérique pèse moins de 1 % de l’impact. L’essentiel se joue dans ce que financent les avantages salariaux : les achats, les lieux de consommation, les modèles que l’on soutient. C’est donc là que se situe notre vrai levier de transformation. Pour autant, on ne néglige pas le sujet : nos serveurs sont hébergés en France, sur une électricité déjà fortement décarbonée, et on conçoit un outil volontairement simple, sans surenchère de fonctionnalités, pour limiter les ressources mobilisées. En résumé, on applique une sobriété numérique de bon sens, mais on concentre surtout nos efforts là où l’impact est massif : dans la façon dont les avantages salariaux orientent la consommation au quotidien.

 

Si tu devais conseiller à un dirigeant ou une dirigeante une seule action pour transformer son organisation en alignant performance, bien-être et respect des limites planétaires, quelle serait-elle ?

Si je ne devais conseiller qu’une seule chose, ce serait de participer à la CEC (la Convention des Entreprises pour le Climat). J’ai eu la chance d’y prendre part et j’y ai vu des dirigeantes et dirigeants prendre vraiment conscience que les limites planétaires ne sont pas seulement une contrainte morale ou réglementaire, mais à la fois un devoir et une opportunité de transformation. La CEC offre un cadre pour se confronter aux ordres de grandeur, questionner en profondeur son modèle et en ressortir avec une boussole beaucoup plus claire pour aligner performance, bien-être et respect du vivant.
Il faut avoir en tête que ne pas se transformer coûte aujourd’hui plus cher que de passer à l’action.
Les clients changent, les talents choisissent leur employeur sur le sens, les réglementations se renforcent, et les investisseurs regardent l’alignement avec les limites planétaires. Autrement dit : l’inaction est devenue un risque stratégique majeur ! Se mettre en mouvement, même modestement, c’est simplement protéger son entreprise, sa compétitivité, sa capacité à attirer, sa réputation et sa résilience. Ce n’est plus un “nice to have”, c’est une question de survie économique à moyen terme. Et les dirigeantes et dirigeants qui s’y mettent tôt prennent une longueur d’avance que les autres ne rattraperont pas.

 

Et si tu avais une baguette magique, quelle serait l’action que tu mettrais à l’œuvre immédiatement pour faire avancer d’un pas de géant Ekip ?

Je ferais en sorte que les dirigeantes et dirigeants arrêtent de voir la RSE comme un poste de coût et la regardent vraiment comme un investissement à long terme. Un investissement dans la capacité à attirer et retenir les talents, à rester désirable pour les clients et à être résilient face aux crises.
Les jeunes ne veulent plus travailler dans des modèles qui abîment le vivant ! Ils cherchent de la cohérence, du sens, et des preuves concrètes d’impact. Et si une entreprise ne répond pas à cela, elle perdra la bataille des talents. La vraie question pour ces dirigeantes et dirigeants devient alors : qu’est-ce qu’on propose aux jeunes ? Un job… ou une place dans un projet de société qui tient debout ?

 

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