Les jeunes et la politique : ce que révèle l’étude réalisée par la Macif et ViaVoice
À l’approche des grandes échéances électorales, la Macif et ViaVoice explorent en profondeur le rapport des jeunes à la politique et aux politiques. Une enquête qui met en lumière leur défiance mais aussi leur désir d’écoute, de cohérence et de renouveau collectif.
Entrepreneurs d’avenir : Alban Gonord, pourquoi était-il important pour la Macif de s’intéresser non seulement à la participation politique des jeunes, mais aussi à la manière dont ils construisent leurs opinions et leur rapport au collectif ?
Alban Gonord : Élections municipales en 2026, élections présidentielles en 2027, de grands rendez-vous démocratiques nous attendent. Avant que ne s’ouvre cette séquence politique majeure, il nous a semblé indispensable d’observer, de documenter, de comprendre le rapport des jeunes Français – dont certains voteront pour la première fois d’ici quelques mois – à la vie politique et démocratique. Le sujet retient-il leur attention ? Font-ils confiance aux figures politiques d’aujourd’hui ? Quel regard portent-ils sur le vote ?
Donner la parole aux jeunes sur cette thématique, c’est en faire un sujet et le mettre à l’agenda médiatique et politique. C’est aussi redonner du souffle à la démocratie participative et au vivre-ensemble.
Si nous avons souhaité mener cette étude, c’est aussi pour mieux comprendre les leviers qui renforcent le lien des jeunes à la Cité ou, a contrario, les éléments qui l’abîment. Équipés de ces éléments factuels, il nous devient possible d’agir pour redonner leur juste place aux jeunes autour de la table démocratique.
Quels sont les grands enseignements à retenir de cette étude ? Quel regard portent aujourd’hui les jeunes sur la politique ?
C’est une étude extrêmement riche, je vous invite d’ailleurs à la consulter et à en discuter autour de vous. Si je devais retenir quelques enseignements principaux de cette étude, je relèverais tout d’abord le besoin des jeunes d’être écoutés et reconnus, qui résonne avec le modèle mutualiste de la Macif dans lequel chaque voix compte, mais aussi avec les initiatives de La Fabrique d’Avenir. 23 % des jeunes interrogés souhaitent que les responsables politiques “écoutent la voix des citoyens”. Il s’agit donc non seulement d’avoir la parole, mais aussi de voir ces idées, ces besoins, se transformer en actions concrètes et impactantes.
Cette étude nous donne des raisons d’espérer : bien que les responsables politiques leur inspirent pour une majorité (70 %) un sentiment de méfiance, les jeunes générations souhaitent être entendues et inventent de nouvelles modalités d’engagement, plus en phase avec leurs habitudes. Il ressort aussi de cette étude un fort désir d’efficacité, de cohérence. Finalement, les jeunes se détachent de la figure politique mais restent confiants à l’égard du collectif. Ils nous questionnent fondamentalement sur les conditions et les modalités qui nous permettraient de mieux faire société ensemble.
Dans cette enquête, vous avez donné la parole à des jeunes âgés de 16 à 30 ans, mais aussi – démarche peu courante – à des 12-15 ans. Quels sont les apports de cette ouverture vis-à-vis des plus jeunes ?
Effectivement, c’est plutôt rare de voir des études donner la parole aux moins de 16 ans, mais il nous semblait important d’entendre aussi les plus jeunes, pour bien comprendre comment le rapport des jeunes à la Cité évolue et se construit dans le temps, pour saisir la genèse du politique, de la “fabrique” de l’opinion et des idées politiques.
C’est un âge pivot, durant lequel on est, pour la première fois, en prise directe avec des sujets politiques : par les discussions en famille ou avec ses proches, dans le cadre scolaire, au travers de ses expériences personnelles aussi, avec notamment une place importante des réseaux sociaux et des sujets d’indignation. Notre étude nous rappelle également un constat important – qu’il faut souligner je crois : même si nous avons face à nous des jeunesses, il y a un rejet massif de la figure du politique traditionnelle, une aspiration forte à réinventer le sujet, une croyance encore en sa capacité à le faire. Nous assistons bien à l’émergence d’une « nouvelle vague ».
La Macif se définit comme une entreprise qui “est et fait société”. Comment les résultats de cette étude nourrissent-ils cette ambition ?
Écouter les jeunes est un exercice citoyen, mais c’est aussi une manière d’anticiper les mutations de notre société. Leurs attentes, que ce soit concernant le climat, la solidarité ou encore la justice sociale, sont fortes : la moitié des jeunes sont indignés par la pauvreté et les inégalités, 31 % d’entre eux par les discriminations. Ce sont des signaux qui nous renseignent sur les grands défis à venir et doivent être notre boussole. Aussi, en écoutant ce que les jeunes ont à nous dire via cette étude, nous comprenons mieux comment les accompagner dans leurs moments de vie, comment ajuster notre projet d’entreprise de telle sorte qu’il reste aligné avec les besoins d’une génération en quête de sens et d’impact.
Les résultats de cette étude sont aussi un formidable levier pour renouveler le dialogue entre générations, dans et au-delà de l’entreprise. Un collectif qui dialogue, c’est une société vivante et en mouvement !
Comment continuer à faire vivre ce dialogue entre la jeunesse et la Cité ?
Cette étude n’est que la première étape d’une démarche que nous souhaitons plus globale, ancrée dans les territoires et dans le quotidien des jeunes. Nous avons conçu un parcours qui nous mènera à 2027, au cours duquel chaque temps de mobilisation avec nos collègues, nos élus, nos partenaires permettra de faire vivre concrètement le dialogue entre la jeunesse et la Cité.
La première étape de cette démarche, c’est notre étude, qui constitue le point de départ et “ouvre” le débat. Viendra ensuite, très rapidement, un temps de co-construction avec la préparation du Parlement des Jeunes. Dans les semaines et mois à venir, nous allons favoriser un véritable espace d’expression, d’échanges, de propositions pour permettre aux jeunes d’y esquisser les contours de la société de demain, et formuler des propositions concrètes.
Troisième étape : la restitution nationale des travaux des jeunes en avril 2026 au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ce temps fort permettra de valoriser les propositions des jeunes et de les injecter dans le débat public à la veille des grandes échéances électorales.