Aztec, la PME française qui veut révolutionner le secteur du damage

En 2009, au plus fort de la crise économique, Xavier Jean et Frédéric Cuillière ont fondé une entreprise de dameuses en France, Aztec, un projet industriel d’envergure soutenu par plusieurs fonds d’investissement et un leader industriel mondial. Leur pari audacieux est en passe de réussir.

En 2009, au plus fort de la crise économique, Xavier Jean et Frédéric Cuillière ont fondé une entreprise de dameuses en France, Aztec, un projet industriel d’envergure soutenu par plusieurs fonds d’investissement et un leader industriel mondial. Leur pari audacieux est en passe de réussir.

Le marché mondial des dameuses, ces véhicules sur chenilles qui façonnent les pistes de ski, est un marché de niche que se partagent deux entreprises, l’une allemande, Kässbohrer, et l’autre italienne, Prinoth. Ou plutôt se partageaient, car Aztec, une PME française, est bien décidée à prendre toute sa place sur ce marché.

En se lançant dans l’aventure en 2009, Xavier Jean et Frédéric Cuillière, les deux fondateurs, l’un diplômé de l’école de commerce de Reims, l’autre ingénieur des Mines, savaient ce qu’ils faisaient. Xavier Jean, ancien de Prinoth, avait noté les frustrations des clients qui se plaignaient des conséquences du défaut de concurrence : prix élevés des machines et pièces de rechange, choix insuffisant, peu d’innovation. « Quand deux entreprises dominent un marché si étroit (il se vend un millier de dameuses chaque année), elles n’ont aucune incitation à innover. Or le marché de la neige, lui, a évolué : les stations utilisent de plus en plus de neige artificielle qu’il faut régénérer et rendre agréable à skier, les skieurs réclament d’autres expériences », explique-t-il. « Et puis la France qui a les plus grands domaines skiables du monde, ne dispose d’aucun acteur dans le secteur du damage. Nous avons vu là l’opportunité de lancer un projet industriel plus proche des stations et capable de mieux répondre à leurs attentes. »

Les deux associés sont donc partis rencontrer le seul fabricant japonais de dameuses, qui ne vend que dans son pays, Ohara, pour solliciter le droit d’utiliser ses machines : « En 48 heures, on a réussi à convaincre les huit cadres de l’entreprise de l’intérêt de notre projet ! Ohara a accepté de nous livrer les éléments de base des dameuses, à charge pour nous d’innover et d’adapter le modèle aux marchés français et mondial. Sans leur soutien il aurait été beaucoup plus compliqué de lancer Aztec ex nihilo. »

Première innovation : le câble en Dyneema

Créer une entreprise industrielle, en pleine crise économique, dans un secteur inexistant en France, c’était bien une idée folle. Pourtant, ce contexte a beaucoup servi Aztec. À la recherche de projets innovants, les capital-risqueurs ont ouvert leurs portefeuilles, et les banques se sont laissé persuader par l’enthousiasme des deux associés. Caterpillar, qui souffrait de la crise, a vu l’opportunité de maintenir de l’activité dans ses ateliers situés près de Grenoble.

Et c’est ainsi qu’en 2011, la première Graphit, machine phare d’Aztec, est sortie de la chaîne d’assemblage. Une première innovation apportée par la Graphit porte sur le treuil des dameuses, nécessaire pour remonter les pentes sans patiner. Traditionnellement, le câble du treuil était en acier, avec plusieurs inconvénients : mauvaise visibilité dans le brouillard (l’acier est gris), danger pour les skieurs, fragilité, lourdeur, difficulté de rangement, coût élevé du remplacement en cas de rupture. Aztec a fait le choix d’un câble synthétique en Dyneema, un matériau composite : « Cette solution présente de nombreux avantages », poursuit Xavier Jean. « Ce matériau offre une très bonne visibilité car il est orange vif, sa réparation est immédiate, et un câble synthétique est très facile à ranger, souple et léger : le poids des machines s’allège d’1 à 2 tonnes, un gain non négligeable quand il s’agit de remonter les pentes, notamment du point de vue de la consommation d’énergie. Mais nous avons bien d’autres idées en tête ! »

Restait à convaincre les premiers clients. La Sofival, qui exploite les stations d’Avoriaz, de Valmorel et de Val d’Isère, a accepté de jouer le jeu en achetant la première machine, et à la fin de l’année 2013, Aztec a signé un partenariat industriel avec la Compagnie des Alpes et la Compagnie du Mont Blanc.

L’idée d’Aztec a séduit Marc Simoncini, créateur du site de rencontre Meetic et passionné de ski, qui en est devenu son premier actionnaire par le biais de son fonds Jaina Capital, avec pour ambition de faire d’Aztec un champion industriel français. Enfin, début janvier 2014, l’équipe dirigeante d’Aztec a été consolidée avec la nomination d’Eric Lambert, qui a occupé avec succès des postes de direction chez Renault, Areva et Manitou, à la présidence de l’entreprise. Forte de cette nouvelle organisation, l’entreprise s’est donné un objectif : produire 50 machines à l’horizon 2016.

AZTEC

Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre

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