Compta Durable donne de la valeur à l’extra-financier

C’est pour réconcilier finances et développement durable, pragmatisme et convictions, qu’Hervé Gbego a fondé Compta Durable, un cabinet de comptabilité qui chiffre les coûts et les bénéfices du développement durable dans les entreprises.


C’est pour réconcilier finances et développement durable, pragmatisme et convictions, qu’Hervé Gbego a fondé Compta Durable, un cabinet de comptabilité qui chiffre les coûts et les bénéfices du développement durable dans les entreprises.

Après un parcours au sein de cabinets comptables petits et grands, au cours duquel il a pu se frotter à diverses problématiques environnementales, Hervé Gbego est parvenu à une conclusion claire : le non respect des principes de développement durable a un coût pour les entreprises, et les acteurs du chiffre, comme on désigne les experts comptables, ont un rôle à jouer dans son calcul.

Décloisonner le monde des financiers et du développement durable

« Il y a de fortes attentes pour des informations permettant de chiffrer ce coût et de calculer des retours sur investissements, constate-t-il. Mais en dehors des grands cabinets, peu d’experts comptables sont capables de le calculer. » Des éléments chiffrés sont indispensables pour aider les entreprises à faire évoluer leur modèle économique face aux défis économiques, sociaux, et environnementaux actuels. Mais le sujet reste mal connu des acteurs spécialisés en développement durable. Mus par des convictions personnelles, ces derniers n’ont pas toujours une vision très claire de la réalité des affaires.

Hervé Gbego en est persuadé, il faut décloisonner le monde des financiers et celui du développement durable, qui ne se parlent pas.
« Ce dont ont besoin les chefs d’entreprise, c’est qu’on les aide à déterminer quels sont les principaux enjeux de leur activité en matière de développement durable, et à y réfléchir de façon pragmatique », affirme-t-il.

Convaincu qu’il y a là un créneau à occuper, Hervé Gbego rejoint des groupes de travail dédiés à la comptabilité durable et phosphore au sein du club développement durable de l’Ordre des experts comptables. Il décide même de suivre un Mastère en développement durable à l’université Paris Dauphine, où il rencontre des spécialistes de la comptabilité verte, et notamment Jacques Richard, professeur à Dauphine et inventeur de la méthode CARE (comptabilité adaptée au renouvellement de l’environnement), une méthode comptable qui rend compte de l’engagement réel de l’entreprise en matière de développement durable en éliminant les clivages entre la gestion financière et la gestion environnementale.

La compta classique au service du développement durable

C’est avec l’objectif de démontrer à ses clients la convergence entre l’extra-financier et le financier qu’il fonde en 2011 le cabinet Compta Durable.
Cette approche interdisciplinaire l’amène à s’entourer de profils qu’on rencontre rarement au sein des cabinets d’expertise comptable, notamment des ingénieurs.
Compta Durable n’entend pas surfer sur une mode, mais au contraire se montrer concret et pragmatique. Une cellule de recherche labellisée par le pôle Finance Innovation de Paris Europlace planche sur la méthode CARE développée par Jacques Richard. Celle-ci utilise les mécanismes comptables classiques pour traiter de problématiques de développement durable. Raisonnant autant que faire se peut en coût de restauration (également appelé coût historique), elle permet à l’entreprise de conserver ses capitaux financier, naturel et humain via le mécanisme de l’amortissement. C’est l’approche prônée par la Banque mondiale.

L’ambition de Compta Durable, accréditée par le comité français d’accréditation (COFRAC) depuis 2014, est double : faire valider la réalité du développement durable par des scientifiques sur la base de références solides et fiables ; et là où la valeur ajoutée par le développement durable a du sens dans l’entreprise, la valoriser et déterminer le coût de la démarche.

Donner un prix aux externalités pour piloter l’entreprise

Aujourd’hui, la seule obligation en vigueur pour les entreprises de plus de 500 salariés consiste à publier des informations relatives à la RSE dans leur rapport de gestion, conformément à l’article 225 de la loi Grenelle II du 12 juillet 2010, en cours d’évolution dans le cadre de la retransposition d’une directive européenne sur le reporting extra-financier.
Les entreprises qui vont plus loin, à l‘instar des clients de Compta durable, le font sur la seule base du volontariat. Parmi ces pionniers qui anticipent une évolution inéluctable de la réglementation se trouvent aussi bien de grands groupes que des PME et même…une crèche.
« Il y a plusieurs comptabilités, affirme Hervé Gbego. Celle qui est publiée, et la vraie comptabilité de gestion, celle qui permet de prendre des décisions. Pour piloter une entreprise, il est nécessaire d’attribuer un prix aux externalités, par exemple en instaurant un prix interne du carbone », souligne-t-il.

COMPTA DURABLE

Dominique Pialot et Pascal de Rauglaudre

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