Fashion Revolution Day : pour que la mode ne tue plus

Le 24 avril 2014, la mode fait sa révolution ! Une grande campagne de mobilisation internationale sera lancée pour sensibiliser l’industrie de la mode aux conditions de travail de ses sous-traitants, après plusieurs accidents mortels survenus ces dernières années.



En avril 2013, dans un quartier industriel de Dacca, la capitale du Bangladesh, un immeuble s’effondrait, provoquant la mort de 1 127 personnes. Il abritait plusieurs ateliers de confection, sous-traitants de grandes marques internationales de vêtements. Malgré l’apparition de fissures dans les murs, les consignes d’évacuation avaient été ignorées par les propriétaires.

Dans les jours qui ont suivi, alors que les découvertes macabres s’accumulaient, de nombreux articles de presse ont alerté les consommateurs sur les conditions de travail des salariés du textile dans les pays émergents, avec l’objectif de les sensibiliser sur leurs choix de consommation. Leur écho a été considérable mais sans lendemain. Plusieurs grandes marques internationales ont alors souhaité inscrire leur démarche dans le temps en créant un événement annuel.

C’est ainsi qu’est née l’idée de Fashion Revolution Day : bloquer un jour dans l’agenda international de la mode pour promouvoir la mode éthique. Des cadres d’entreprises du textile, des ONG et des journalistes se sont réunis pour proposer des initiatives susceptibles de catalyser le changement, en utilisant la puissance économique du secteur. Au total, une quarantaine de pays se sont ralliés à cette idée, d’origine anglo-saxonne.


Vêtements à l’envers

Il manquait la France – un comble alors que le secteur de la mode joue un rôle majeur dans son économie. Sabrina Cherubini, directrice marketing et communication d’Ekyog, une des premières marques de prêt-à-porter à avoir intégré des engagements éthiques dans ses processus de création, a voulu lancer le mouvement en France. Elle a donc constitué un comité français d’organisation avec plusieurs personnalités du luxe et de la mode, dont Barbara Coignet, responsable de l’organisation 1.618, Cécile Lochard, fondatrice de l’agence Citizen Luxury, et Isabelle Quéhé, qui organise les Ethical Fashion Shows.

« Bien sûr, il n’est pas question de dénoncer ni de contraindre les marques », explique Sabrina Cherubini. « L’opération vise plutôt à leur faire comprendre que tôt ou tard, les consommateurs leur demanderont des comptes, et que par conséquent, elles ont tout intérêt à contrôler leurs fournisseurs et à intégrer une dimension éthique à leurs activités. »

Au lieu de changer de pays à chaque variation de salaire, les marques peuvent par exemple engager des relations de long terme avec leurs fournisseurs. « Les marques doivent avoir à l’esprit qu’il n’est pas aberrant d’un point de vue économique de faire travailler des couturières des pays émergents dans des conditions décentes de salaire et de sécurité », poursuit Sabrina Cherubini.

Le jeudi 24 avril 2014 aura donc lieu le premier Fashion Revolution Day. Ce jour-là, un grand nombre de personnalités porteront leurs habits à l’envers pour que l’on voie les étiquettes, dans le but d’interpeller les consommateurs sur le processus de fabrication de leurs vêtements et ses impacts sur les travailleurs et l’environnement. Les réseaux sociaux ne seront pas oubliés avec la campagne « Who made your clothes » et le hashtag #insideout. Les consommateurs seront incités à faire des selfies avec leurs vêtements à l’envers. Ailleurs, des flashmobs seront organisées, pendant lesquels les militants danseront en portant leurs vêtements à l’envers, et d’autres événements se dérouleront pendant les fashion weeks.

Objectif de la campagne : faire en sorte que les clients acquièrent le réflexe de se poser quelques questions : qui a fabriqué mes vêtements ? Des enfants ont-ils participé à sa fabrication ? Contiennent-ils des substances toxiques ? …D

FASHION REVOLUTION DAY

#insideout

Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre


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