Nordine Boudjelida – Ademe Rhône-Alpes

Nordine Boudjelida, Directeur de l’Ademe Rhône-Alpes, accompagne les entrepreneurs dans l’ACV de leurs process et produits. Explications.

Nordine Boudjelida, Directeur de l’Ademe Rhône-Alpes, accompagne les entrepreneurs dans l’ACV de leurs process et produits. Explications.

L’écoconception ou le cycle vertueux de l’économie circulaire des produits constitue une démarche encore volontaire de la part des industriels mais qui tend à se développer en France. Eco-concevoir un produit ou son procédé de fabrication a un coût certain puisqu’une analyse du cycle de vie (ACV) revient à près de 30 000 euros.
Mais en raisonnant en coût global, l’entreprise est gagnante. Puisqu’en diminuant sa consommation de matières premières et la quantité de déchets à traiter, en réduisant sa consommation d’eau et d’énergie, en maîtrisant ses émissions de carbone, elle peut aussi augmenter la valeur ajoutée de son produit et donc sa marge. Et cela lui permet de répondre aux appels d’offres incluant désormais le respect du Droit de l’Environnement dans leurs critères de sélection.

Quels sont les obstacles rencontrés par les entreprises porteuses de projets éco-innovants ?

Plutôt que de parler d’obstacles, parlons d’opportunités. Quelles que soient leurs motivations initiales, les entreprises qui ont adopté une démarche d’écoconception constatent des bénéfices particuliers pour leur entreprise. Ainsi, au-delà de l’objectif de réduction des impacts environnementaux des produits, la démarche d’écoconception leur permet de se différencier des concurrents, de devancer les attentes naissantes des marchés en matière de préservation de l’environnement, de s’appuyer sur le levier de motivation et de créativité interne et de dynamiser la réflexion autour des produits, en mobilisant les acteurs de l’entreprise.

L’écoconception permet d’anticiper les crises et les contraintes nouvelles du marché car elle constitue une application pratique du principe de prévention qui permet de prendre les devants pour éviter des situations délicates : crises ponctuelles liées aux aspects environnementaux ou sanitaires du produit, problèmes soudains d’approvisionnement et exigences nouvelles de la part des donneurs d’ordre.
Dans une autre mesure, cette démarche, en tant qu’approche proactive, peut permettre d’anticiper et respecter au moindre coût les réglementations environnementales actuelles et à venir, voire de transformer ces nouvelles contraintes en opportunités.

Quelles prestations l’ADEME développe-t-elle auprès des entreprises qui veulent progresser sur leurs enjeux énergétiques et environnementaux ? S’agit-il d’aides techniques et financières ?

L’ADEME s’est fixée comme objectif d’inciter les entreprises à initier des démarches d’écoconception et de les accompagner dans leur démarche. A cette fin, elle dispose d’outils tels que le Bilan Produit pouvant être pris en main par l’entreprise seule, ainsi que d’aides techniques et financières pour les soutenir dans leur processus d’apprentissage.

Parallèlement, l’ADEME soutient des opérations de R&D, via des appels à projets, afin de développer les méthodologies et les outils d’écoconception. Elle propose aussi un soutien financier, entre 50 et 70 %, aux entreprises qui ont recours à une expertise extérieure pour réaliser l’évaluation environnementale de leurs produits.


Qui sont les entreprises candidates ? Sur quels critères sont-elles retenues ? Chiffre d’affaires ? Secteur d’activité ?

Toutes les entreprises sont éligibles aux dispositifs de l’ADEME quelle que soit leur taille, secteur d’activité ou CA. En France, l’écoconception reste encore faiblement développée. Une enquête réalisée en 2010 à la demande de l’ADEME auprès de 400 entreprises a permis d’identifier que 20 % d’entre elles intégraient une démarche d’écoconception systématiquement, 13 % démarraient la démarche, 29 % étaient intéressées mais n’étaient pas passées à l’action faute de moyens techniques (outils et données), organisationnels et financiers, 38 % n’étaient pas intéressées ou ne se sentaient pas concernées (pas de conception de produit). L’objectif de l’ADEME consiste à démultiplier la démarche d’écoconception au sein des entreprises de la manière la plus large possible.


Existe-t-il un guichet unique pour s’informer et se faire accompagner dans sa démarche d’éco-innovation ?

Constatant la nécessité de développer les éco-innovations du territoire, le Conseil régional de Rhône-Alpes, OSEO, l’ADEME et la Caisse des Dépôts, en association avec l’INPI, l’AFNOR et l’ARDI ont décidé de lancer un Guichet unique et commun en Rhône-Alpes pour les éco-innovations, dénommé INNOV’R® visant à encourager les éco-innovations au sein des TPE et PME/PMI. Chaque fin de mois, les projets reçus sont analysés et orientés vers le financement le plus adapté qui prend la forme soit d’une subvention, soit d’une avance remboursable, en fonction de l’état d’avancement du projet et de sa taille
En 2013, ce dispositif s’est étoffé par un “FOCUS ÉCO-CONCEPTION”, dont l’approche est globale (cycle de vie, multicritères et applicable à tout type d’innovation), fonctionnelle(qualité et services rendus compétitifs),intégratrice et pluridisciplinaire (intégration des compétences,normes,outils et méthodes).

Il y a eu un premier Parlement régional à Lyon en février, un second est prévu au niveau national les 05 et 06 novembre 2013.


Quelles sont vos attentes lors de ces rassemblements avec les entrepreneurs ?

Notre objectif prioritaire consiste à convaincre les chefs d’entreprise de l’intérêt de se lancer dans ce type de démarches car l’écoconception de produits et services, les nouveaux modèles d’affaires et l’écologie industrielle peuvent contribuer à maintenir l’activité et les emplois dans des secteurs fortement concurrentiels, notamment grâce à la réduction des coûts de consommation de matière première, au positionnement des produits sur des segments à plus forte valeur perçue par le client, différenciant ainsi les produits par rapport aux productions des pays émergents et au positionnement sur un modèle d’affaires axé sur la vente de services, qui permet de lisser l’activité, de rendre les revenus plus prévisibles.

Ademe Rhône-Alpes

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