« Plus la crise menace les associations, plus on a besoin d’elles »

Pour le monde associatif, la rentrée 2020 s’annonce lourde d’incertitudes. Pourtant les besoins en solidarité sont plus criants que jamais. Pour aider les associations à passer le cap de ces temps difficiles, HelloAsso lance la Rentrée des assos, une plateforme où elles peuvent recruter des bénévoles et collecter des dons facilement. Les explications de Léa Thomassin, sa co-fondatrice et présidente.

 

300 millions d’euros collectés en onze ans, dont 80 millions rien qu’en 2020 : c’est un bilan exceptionnel pour HelloAsso ! Cette entreprise sociale fondée en 2009 accompagne le secteur associatif dans sa transformation numérique, et facilite son financement avec des outils en ligne de gestion des adhésions, de collecte de dons et de billetterie d’événements. 120 000 structures utilisent ses services, depuis les associations de quartier jusqu’aux grosses ONG comme la Croix rouge ou le Secours populaire. Originalité de son modèle économique : il est basé sur les contributions volontaires des donateurs, tous les services étant gratuits pour les associations.

Entrepreneurs d’avenir – Vous lancez ce mois-ci la Rentrée des assos. En quoi ça consiste ?
Léa Thomassin – Septembre est traditionnellement la saison des forums des associations, un moment crucial pour se faire connaître et recruter de nouveaux bénévoles. Mais cette année, beaucoup de villes ont annulé les forums à cause du Covid. Pour compenser ces annulations, nous avons développé avec Hacktiv une nouvelle plateforme numérique, la Rentrée des assos. Les associations peuvent y créer des événements digitaux, susciter des rencontres en ligne, améliorer leur visibilité, organiser des portes ouvertes.

Vous avez un point de vue unique sur le secteur associatif. Quelles tendances voyez-vous se dessiner dans les mois à venir ?
La seule grande tendance que j’observe, c’est l’incertitude ! Les associations ne savent pas trop sur quel pied danser, et ça ne va pas s’arranger. Mais je veux rappeler combien en ces temps de crise, nous avons plus que jamais besoin de la solidarité locale. La France compte 1,5 million d’associations sur son territoire : grâce à elles, les gens peuvent partager des passions quand tout va bien, et être solidaires quand ça va moins bien. 100 % des Français devraient faire partie d’une association !

Comment HelloAsso a traversé le confinement ?
Nous avons été relativement épargnés, car nos équipes sont habituées à télétravailler. Mais nous avons rapidement compris que nous devions être au chevet des associations, dont beaucoup étaient en première ligne pendant le confinement. Nous avons formé plus de 8000 personnes dans des webinars pour que leurs activités se poursuivent à distance. Avec nos partenaires Ulule et Kisskissbankbank, nous avons mis en place une plateforme de collecte de fonds d’urgence dédiés aux associations de solidarité qui a récolté 6,8 millions d’euros.

Et le secteur associatif, comment a-t-il été impacté ?
Il était déjà fragile, il l’est encore plus. 30 000 associations risquent de mettre la clé sous la porte à cause du Covid, en particulier celles de la culture, qui ne peuvent pas organiser de spectacles. C’est paradoxal, parce que plus elles sont menacées par la crise, plus on a besoin d’elles ! Elles méritent qu’on leur apporte davantage de reconnaissance.

Avez-vous un message pour les Entrepreneurs d’avenir ?
Malgré les temps difficiles que nous traversons, je crois que l’heure des Entrepreneurs d’avenir est advenue ! Toute entreprise doit désormais s’inscrire dans une perspective sociale et environnementale. Quand nous avons lancé HelloAsso en 2009, on nous a pris pour des illuminés. Ça n’est plus le cas aujourd’hui, et après cette crise, ça le sera encore moins. La leçon que j’en retiens, c’est qu’il ne faut rien lâcher et s’obstiner !

 

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Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre

 

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