Terre vivante : pour une écologie positive

Terre vivante, pour qui rien n'est jamais acquis, a l'ambition d'être un éditeur et formateur en écologie positive. Entretien avec Olivier Blanche.

 

Entrepreneurs d’avenir : Belle ambition d’être un acteur global de l’édition, du livre sur la nature et l’écologie mais quel est votre modèle ?

Olivier Blanche : Pour résumer, il faut rappeler que Terre vivante est avant tout un producteur de contenus dédiés effectivement à l’écologie, une écologie positive, au respect de l’environnement naturel et humain, à la protection de la biodiversité. Ces contenus s’expriment autour de 5 thématiques principales qui sont jardinage bio, alimentation saine, bien-être et santé, habitat écologique, société et qui se déclinent à travers 3 métiers différents :

  • l’édition de livre (50 nouveautés par an, 280 ouvrages disponibles en tout),
  • l’édition d’une revue périodique (le bimestriel « Les 4 Saisons », 40 000 ex de diffusion payante),
  • l’exploitation d’un centre écologique de 50 ha, situé en Sud Isère, dans le Trièves, accueillant divers publics (visiteurs individuels, groupes scolaires, séminaire d’entreprises, stagiaires en formation loisir ou professionnalisante)

A chacun de ces métiers, un modèle économique différent, un cycle d’activités complémentaires. Chacune nourrit l’autre, dans une recherche permanente de fertilisation croisée, d’hybridation intelligente et coconstruite.

Nos revenus proviennent de la vente des livres, des exemplaires de la revue (en kiosque et par abonnement), des entrées et formations dispensées dans le Centre.

A part le chiffre d’affaires réalisé directement sur notre site internet, www.terrevivante.org, (presque 20% du CA total en 2020), ces revenus sont prélevés par des intermédiaires (distributeur/libraires pour le livre, messagerie de presse et marchands de journaux pour la revue).

La plupart de nos coûts sont variables pour la production de ces contenus (auteurs, illustrateurs, photographes, journalistes pigistes, formateurs, animateurs).

Quels sont les avantages et inconvénients à être une SCOP dans une économie de marché ?  Pas trop dur dans un monde où l’édition est devenue productiviste et consumériste ?

D’abord association loi 1901, Terre vivante s’est transformée en SCOP en 2005. Aujourd’hui 100 % des salariés éligibles au statut d’associé le sont. On peut vraiment dire que l’entreprise appartient à ses salariés. C’est un gage de stabilité et de pérennité. Au-delà de l’implication des salariés-associés à la vie de leur outil de travail, garantir l’indépendance capitalistique de la SCOP fait aussi partie des principaux objectifs.

L’économie de marché impose la concurrence. Être une SCOP ne change rien au fait d’être confronté à cette concurrence au quotidien. D’autant plus depuis quelques années, où l’écologie est devenue un axe de communication privilégiée pour beaucoup d’acteurs économiques, qu’il s’agisse d’un positionnement marketing opportuniste ou provenant de réelles convictions.

Être créatif, innovant, rentable sont des nécessités aussi importantes pour une SCOP. Pour y parvenir ? un mode de gouvernance moins vertical, un partage des réflexions et décision sur les orientations stratégiques de nos métiers, une obligation de bonne gestion pour être en capacité d’investir.

Être une SCOP dans le domaine de l’écologie fait aussi considérer la croissance comme un moyen d’assurer l’avenir de l’entreprise, car là plus qu’ailleurs on sait que les arbres ne grimpent pas au ciel.

Être une SCOP éditrice, c’est aussi reconnaitre que le livre est un marché d’offres. A nous de continuer de produire de nouveaux livres utiles, différents et d’éviter le suivisme ou les effets de mode.

Avec la conscience écologique grandissante constatez-vous des bénéfices pour Terre vivante ? Quelles sont les perspectives de Terre Vivante ?

D’un point de vue désintéressé, plus il y aura d’acteurs, individuels ou entreprises, qui adresseront les problèmes de réchauffement climatique, raréfaction des ressources, surproduction, mieux ce sera.

D’un point de vue intéressé, le discours de Terre vivante, longtemps pionnier, devient plus difficile à entendre devant la multiplicité des expressions concurrentes sur les mêmes thèmes.

Rien n’est jamais acquis, c’est un aiguillon de plus pour nous pousser à nous réinventer, sans rien perdre de nos fondamentaux.

Nos productions sont alignées avec nos convictions, cet alignement sincère doit rester le maître mot de notre relation avec nos lecteurs clients.

Quelles synergies aimeriez-vous voir se développer au sein de la communauté des Entrepreneurs d’avenir ?

Partager des expériences de vie, de développements, d’organisation avec des acteurs engagés sur des thématiques voisines me paraît être la base indispensable d’un réseau qui s’auto-entretient et s’enrichit.

La situation géographique très rurale de Terre vivante est un atout inspirant pour le travail du quotidien, mais un inconvénient relatif pour l’énergie créatrice. Les idées pour le futur passent par des brassages d’idées, de contacts, de travail en commun.

 

Propos recueillis par Coryne Nicq – Crédit photo Vincent Viargues

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