« Une entreprise doit refléter la société dans laquelle elle évolue »

La mixité est devenue une préoccupation à tous les niveaux des entreprises, se félicite Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable de Kering, mais il ne faut pas baisser les bras pour autant.

 

Entrepreneurs d’avenir – Comment le fait d’être une femme a-t-il influencé votre carrière ?

Marie-Claire Daveu – Je suis ingénieure des Eaux et Forêts de formation. J’ai donc évolué dans un milieu plutôt masculin, dans mes premiers postes dans l’administration puis plus encore en cabinets ministériels. Pour autant, être une femme n’a jamais vraiment été un obstacle à ma carrière. Plus tard, quand j’ai été amenée à manager des équipes, j’ai toujours veillé à maintenir un équilibre entre femmes et hommes dans le choix de mes collaborateurs. Je pars du principe que pour bien fonctionner, une entreprise doit s’attacher à refléter la société dans laquelle elle évolue, et bénéficier ainsi d’une forme de « biodiversité » y compris en termes d’ancienneté et d’expérience.

Avez-vous vu les mentalités changer au cours de votre carrière ?

Oui, les discours ont beaucoup changé et les préoccupations de mixité sont maintenant présentes à tous les niveaux des entreprises. Chez Kering, par exemple, la mixité est une conviction forte de son président, François-Henri Pinault. Quant au conseil d’administration, il compte plus de femmes grâce à la loi Copé Zimmermann. Mais, l’actualité en apporte la preuve tous les jours, on accorde encore trop d’importance au physique et à la présentation des femmes. Il me semble essentiel de continuer d’investir dans l’éducation des filles, montrer que leur champ des possibles est aussi étendu que celui des garçons, dans les filières scientifiques et techniques comme dans la capacité à accéder à des postes à fortes responsabilités.

Pensez-vous que la mixité peut faciliter la réalisation des objectifs de développement durable dans les entreprises ?

Si les entreprises veulent être en symbiose avec la société et les valeurs véhiculées par le développement durable, les femmes et les hommes doivent être impliqués à tous les niveaux de décision. Comment atteindre des objectifs ambitieux en laissant de côté 51 % de la population dès le départ ? Il faut aussi une forte cohérence entre vision et modalités d’action. Mais le développement durable passe aussi par la gestion du changement, qui exige un devoir de pédagogie et d’explication. Il est donc important d’inclure aussi bien des femmes que des hommes, de toutes origines, dans la démarche. Chez Kering, les engagements en matière de parité s’appliquent à l’ensemble des fonctions, quel que soit le niveau de responsabilités.

Kering a co-élaboré une Charte sur le bien-être des mannequins, rendue publique le 6 septembre dernier. Comment cela s’est-il passé ?
Le mannequinat est une profession particulièrement exposée, et les réseaux sociaux ont libéré la parole sur les conditions de travail, parfois inacceptables, des mannequins. C’était une préoccupation forte de François-Henri Pinault, qui a souhaité que les engagements soient clairs et formalisés. Nous avons pris contact avec LVMH, et rédigé cette charte ensemble, envoyant un signal fort à toute la profession. Elle s’applique aussi bien aux femmes qu’aux hommes, quel que soit l’endroit du monde où les maisons organisent leurs défilés. Nous appelons les autres maisons à adhérer rapidement et scrupuleusement à cette charte.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer au Parlement du Féminin ?
Réunir dans un Parlement du Féminin avec des profils et des expériences aussi variés est une très belle initiative. J’ai surtout envie de partager avec les femmes les propos de Simone de Beauvoir : « Change ta vie aujourd’hui. Ne parie pas sur le futur, agis maintenant, sur-le-champ. » J’aime cette idée d’instantané, d’oser les choses dans l’instant et d’avancer.

 

GROUPE KERING

 

Pascal de Rauglaudre
Crédits photo : Christopher Sturman

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Je m'inscris à la newsletter