Comment investir l’avenir ?

Interview de Grégoire Cousté, chargé de mission au Forum pour l'investissement responsable (FIR)

  • L’investissement socialement responsable gagne-t-il du terrain en France ?
  • Si l’on regarde les données Novethic, entre 2008 et 2009, le marché ISR a connu une croissance de plus de 50 % pour atteindre 34 millions d’euros. Certes, cela ne représente qu’environ 3 % de l’encours global de l’investissement en France, mais le potentiel de progression est important car le grand public a désormais pris conscience des enjeux liés au développement durable.

  • Mais alors, quels sont les obstacles au passage à l’acte ?
  • C’est un problème de lisibilité de l’offre. C’est pourquoi nous allons organiser une “semaine de l’ISR”. Elle se tiendra du 4 au 10 octobre 2010 dans toute la France. Durant ces cinq jours, nous irons à la rencontre du grand public, foyer d’investisseurs potentiels. Sans pour autant oublier les professionnels. Car c’est avant tout à eux de proposer les produits ISR à leurs clients. Une journée de formation devrait leur être dédiée.

  • Et les PME ? Suscitent-elles l’intérêt des investisseurs ISR ?
  • En France, l’ISR commence à peine à s’intéresser aux petites capitalisations. Développé pour les grands comptes, il doit s’adapter aux caractéristiques des PME. Ces dernières sont souvent des entreprises familiales ou “entrepreneuriales”, où le capital est détenu en grande partie par le porteur de projet. Difficile donc pour des investisseurs externes de trouver leur place et d’imposer leur vision du développement durable. Ensuite, la performance des PME ne peut pas être mesurée avec les mêmes indicateurs que ceux utilisés pour les sociétés du CAC 40. Les fonds doivent alors élaborer des outils d’évaluation spécifiques. C’est par exemple le cas des Social Venture Funds, des fonds d’inves tissement qui ciblent des petites entreprises non cotées à fort impact social et sociétal, implantées en zone urbaine sensible ou gérées par des dirigeants issus de minorités.

  • De leurs côtés, quels efforts font les grandes entreprises pour attirer l’ISR ?
  • Elles reconnaissent déjà que l’ISR est au coeur des préoccupations. Mais, pour attirer les investisseurs, les entreprises ont encore beaucoup à faire tant sur le plan de la gouvernance que sur celui du respect de l’environnement. C’est pourquoi, au FIR, nous avons lancé cette année CorDial (pour Corporate Dialogue), une plate-forme d’échange et de dialogue autour de l’entreprise et du développement durable. Pour l’instant, cinquante sociétés doivent être interrogées. Sur la base de leurs contributions, nous allons constituer un corpus de bonnes pratiques et de recommandations.

  • La réglementation a-t-elle un rôle à jouer dans la diffusion de l’ISR ?
  • Récemment, un code de transparence et d’autoréglementation a été adopté par les professionnels de l’ISR en Europe. Il impose aux fonds ISR de communiquer les critères qui déterminent leurs investissements. En France, l’article 82 de la loi Grenelle II va dans le même sens.

    www.frenchsif.org

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