Emmanuel Druon – Pocheco

Depuis 16 ans, cette entreprise du Nord de la France applique avec succès des solutions écologiques dans ses processus industriels, pour le plus grand profit de l’environnement et de ses collaborateurs.

En 1997, Pocheco, un fabricant d’enveloppes en papier installé à Forest-sur-Marque, près de Lille, s’apprêtait à déposer son bilan. Mais pour Emmanuel Druon, son repreneur, hors de question de baisser les bras : « Nous n’avions plus rien à perdre, c’était le moment rêvé pour essayer autre chose. » Il a proposé un challenge aux employés : relancer l’entreprise selon des principes de développement durable.

Le premier effort de Pocheco portait sur la consommation d’eau : « Nous sommes devenus ‘autarciques’ en ressources hydriques », se félicite Emmanuel Druon. Les 20 000 m2 de toiture de l’usine ont été végétalisés pour recueillir l’eau de pluie. Une partie de cette eau est évacuée par évapo-transpiration, le reste sert aux sanitaires de l’usine et au nettoyage des outils de production.

Autre défi important relevé par Pocheco : le remplacement des produits chimiques. Une imprimerie en utilise beaucoup, sous forme d’encres, notamment. Les éliminer répondait à des impératifs écologiques, mais aussi sanitaires, dans une région, le Nord Pas-de-Calais, qui souffre déjà d’un taux élevé de cancers dus au travail. Pocheco a poussé les fabricants à mettre au point des encres à base d’eau et de pigments naturels, sans solvants ni métaux lourds. Après quelques tâtonnements, les nouveaux procédés se sont révélés sans effet sur les coûts de production. Ils ont surtout beaucoup réduit les coûts de dépollution puisque le nettoyage des machines peut être effectué au savon de Marseille et à l’eau de pluie.

Produire écologique peut être rentable

Les eaux usées sont ensuite filtrées par phyto-remédiation dans une bambouseraie, sorte de station d’épuration naturelle mise en place avec l’aval de la Direction régionale de l’environnement et de l’Agence de l’eau. Le système racinaire des bambous active des bactéries qui se nourrissent des souillures de l’eau. Au bout de quatre ans, les bambous, ayant perdu en efficacité, sont remplacés par de nouvelles pousses et réduits en copeaux utilisés pour chauffer l’usine. « Comme les matières premières s’épuisent sur Terre, Il faut aller chercher dans la dépollution les ressources qui nous permettent de poursuivre notre activité industrielle », explique Emmanuel Druon.

16 ans plus tard, l’entreprise imprime chaque année 2 milliards d’enveloppes. C’est un vrai succès, et un succès de librairie aussi : Emmanuel Druon a relaté toute l’aventure de Pocheco dans un livre paru en 2012, « Ecolonomies. Entreprendre et produire autrement », qui en est déjà à sa deuxième édition. L’écolonomie est un concept qu’il a emprunté au livre de Corinne Lepage, « Vivre autrement », paru en 2009 : ce mot-valise, qui réunit écologie et économie, est une autre manière de désigner l’économie circulaire, selon laquelle les déchets des uns sont les ressources des autres. Produire écologique peut donc aussi être rentable, et Pocheco en apporte la preuve concrète.

Bibliographie
:
Ecolonomies. Entreprendre et produire autrement Emmanuel Druon, Pearson, 2012, 192 p. Préface de Corinne Lepage.
Vivre autrement Corinne Lepage, Grasset, 2009, 165 p.

POCHECO


Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre / Crédit photo : Cécile Huyghe – La Croix du Nord

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