Et maintenant que vais-je faire ?

Stéphane Dieutre, fondateur de l’Institut Aristote sort « Et maintenant que vais-je faire », qui trace le chemin pour un épanouissement heureux, ou comment découvrir ses talents singuliers et les faire coïncider avec les besoins du monde. Un ouvrage solide sur les références, vivant par ses récits de vie et inspirant dans le parcours qu’il propose.

 

Entrepreneurs d’avenir : Le titre de votre ouvrage Et maintenant que vais-je faire ? semble résonner avec l’époque.

Stéphane Dieutre : La célèbre chanson de Gilbert Bécaud évoque une crise personnelle, une rupture et c’est bien ce que nous vivons aujourd’hui. La crise climatique, sanitaire et même politique ouvrent une crise du sens : comment réussir ma vie ? à quoi ai-je envie de contribuer ? Ce désir d’épanouissement, de réalisation dans son travail dépasse désormais l’objectif de réussite économique et sociale.

 

Vous suggérez, de passer à un nouveau modèle de réussite, celui de la « bonne vie » préconisée par Aristote. Expliquez-nous.

Selon Aristote, le bonheur authentique provient de ce que nous élevons nos objectifs et mobilisons le meilleur de nous-mêmes. Il ne s’agit plus de se comparer aux autres et de réussir mieux mais d’épanouir ce que nous sommes dans une « vie bonne » et utile au monde. Nous quittons l’égo-système de la compétition pour un écosystème où les talents de chacun se mobilisent pour répondre aux immenses défis qui sont devant nous.

 

Vous évoquez largement votre itinéraire personnel, pourquoi ?

Il m’a semblé important, pour répondre à la question posée dans ce livre, de raconter des histoires, des étapes aux différents âges de la vie, en commençant par mon propre itinéraire. J’ai vécu le syndrome du « vilain petit canard » qui ne sait ni qui il est, ni ce qu’il peut faire ? Comme beaucoup d’autres j’ai donc cherché à rentrer dans une case. J’avais beau avoir intégré une grande école de commerce, je ne me sentais pas à ma place. D’ailleurs à mon premier entretien d’embauche le patron d’un cabinet de conseil marketing m’a déclaré : « Monsieur Dieutre, vous êtes complètement à côté de vos pompes »…

À travers ces exemples dont mon propre parcours j’ai voulu montrer au lecteur qu’il n’y pas de fatalité qui nous interdirait l’épanouissement : on peut comme moi se poser des questions, traverser des moments difficiles pour enfin trouver sa voie et aller parfois bien au de-là de que l’on croyait possible.

 

Comment fait-on pour trouver sa voie ?

Il faut se donner un temps d’inventaire personnel. Nous disposons d’une boussole formidable : l’énergie qui nous traverse, la joie de se réaliser que nous ressentons quand nous déployons nos talents profonds. C’est le signal ! Soyons à l’écoute de ce « flow », qui exprime une part importante de nous-mêmes, et parfois même des talents nous avions mis de côté. C’est cette polyphonie, cette pluralité de notre être qui fait notre richesse et singularité, à rebours d’un monde du travail qui pousse à la spécialisation.

Pour connaître l’heureux accomplissement prôné par Aristote nous devons identifier et intégrer toutes ces dimensions pour pouvoir les exprimer le mieux possible. La vie professionnelle, de plus en plus hybride, nous y invite aussi.

 

Et justement quel est la place de l’autre dans ce processus ?

Là aussi la sagesse d’Aristote est toujours aussi actuelle. Nous sommes des animaux sociaux, nous nous épanouissons dans la cité, dans le projet collectif. Nous avons besoin pour grandir du dialogue avec l’autre. Pour le philosophe, l’ami bienveillant et sincère fait miroir, il nous permet de nous connaitre et de progresser vers le meilleur de nous-mêmes…

 

Comment faire de l’entreprise le lieu de cet accomplissement ?  

Beaucoup d’entre nous se posent la question aujourd’hui : comment m’accomplir dans l’entreprise, et notamment dans la grande entreprise ? Quelles conditions réunir pour conjuguer un plein accomplissement individuel et une dynamique collective ?

Il repose sur 3 piliers : le sens, la « mission » que je perçois ; la possibilité d’être pleinement soi-même donc l’authenticité ; et enfin la clarté et l’autonomie dans mon job.

 

INSTITUT ARISTOTE

 

Propos recueillis par Arnaud de Saint Simon

 

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