Gobi a conquis les bureaux

Chaque année, les Français consomment 2 milliards de gobelets à usage unique. Un gâchis colossal, mais qui n’est pas une fatalité, comme le montre la success story de Gobilab.

 

Les gourdes ne sont plus l’apanage des randonneurs ! Elles partent à l’assaut des lieux de travail, et parmi elles, la gourde Gobi a une nette longueur d’avance.

L’aventure a commencé il y a dix ans, quand Florence Baitinger, Xavier Moisant et Samuel Degrémont se sont associés pour créer la startup Gobilab à partir d’un constat : chaque année en France, une personne consomme au bureau 6 à 700 gobelets, ce qui équivaut à 2 milliards de gobelets à éliminer après une seule utilisation. « C’est absurde d’acheter une bouteille et de la jeter quand elle est vide : on boit à peine 20 cl d’eau et la bouteille finit à la poubelle », s’indigne Florence, directrice générale de Gobilab.

La startup propose de remplacer gobelets et bouteilles par une gourde, au travail, au sport, ou sur le chemin de l’école. Mais attention, avertit Florence : « Un produit ‘éco-responsable’ doit être développé sur la base d’habitudes de consommation, sinon il est délaissé par l’utilisateur. Au bureau, pas besoin d’une double paroi qui garde l’eau au frais pendant douze heures, comme en rando. »

La gourde Gobi possède donc plusieurs caractéristiques adaptées à un usage au travail. Transparente pour vérifier s’il reste de l’eau et si elle est propre. Personnalisable pour ne pas être confondue avec celles des voisins. Équipée d’une anse pour les bras chargés. Et bien sûr fermée pour être transportée au sport, dans le métro, etc.

Gourde indémodable

Dix ans plus tard, 700 000 exemplaires de Gobi ont été distribués sans rien changer au design d’origine. Il faut dire que sa notoriété a été boostée en 2015 par un événement exceptionnel : la COP21, qui l’avait sacrée « gourde officielle ».

Depuis, 4000 organisations l’ont adoptée, parmi lesquelles des grandes entreprises (RTE, EDF, LVMH), des startups (Vestiaire Collective, Deezer) et des institutions culturelles (Comédie française). Elle s’est aussi imposée dans des festivals et des tournées d’artistes, comme celle de la chanteuse Angèle.

Et ça n’est pas prêt de s’arrêter : après un chiffre d’affaires d’un million d’euros l’année dernière, la startup connaît en 2019 une croissance de 150 à 200 %, sans investir un euro en publicité. Quel est son moteur ? « Le bouche à oreille ! Un possesseur de Gobi va la conseiller à 3 ou 4 personnes autour de lui, dans une vraie dynamique communautaire. C’est aussi le plaisir de recommander un produit français. »

Car les gourdes Gobi sont produites dans une usine d’injection plastique du Val-de-Marne, dont Gobilab est devenu le premier client, et assemblées dans un ESAT à proximité. Quant aux résidus, ils sont récupérés et réinjectés dans le processus de production.

La matière des Gobi est le tritan, un plastique qui ne libère aucune substance chimique dans l’eau et ne contient ni bisphénol A ni perturbateurs endocriniens. Ce matériau biosourcé peut être lavé jusqu’à 600 fois en lave-vaisselle, tout en conservant intactes ses propriétés sanitaires et sa transparence.

Refaire des Gobi avec des Gobi

Enfin, Gobilab et la coopérative MU, l’agence d’éco-conception qui a imaginé la Gobi, sont lauréats d’un programme de l’Ademe, qui vise à récupérer les gourdes abandonnées ou inutilisées pour les recycler en circuit fermé.

Quant à l’avenir, il passe par le verre, « matériau plus noble et plus classique ». En novembre, Gobilab s’apprête à lancer une gourde en verre épais, moins nomade que le modèle actuel, mais plus adaptée à la vie de bureau. « Elle s’adressera à notre clientèle de cabinets d’avocats et de grands hôtels. »

 

Gobilab

 

Pascal de Rauglaudre

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