La Révolution Multivers : quelles opportunités pour l’humanité ?

Entretien avec Florence Verzelen, auteure du livre « La Révolution Multivers ». Découvrez sa vision d'un monde en plein essor façonnée par une convergence entre le virtuel et le réel, où progrès digital et résilience écologique seraient compatibles.

 

Entrepreneurs d’avenir : Votre livre « La révolution Multivers » nous plonge dans le monde qui s’annonce, forgé par l’IA, les Metavers, les jumeaux numériques. Pourriez-vous nous projeter dans ce monde qui commence et qui pousse les frontières du possible ?

Florence Verzelen : En combinant le meilleur du réel et du virtuel, notamment dans la sphère industrielle, la Révolution Multivers va nous aider à mieux maîtriser notre environnement, à enrichir le champ de nos connaissances et à optimiser les ressources disponibles. La montée en puissance des technologies liées à l’intelligence artificielle et à la simulation (jumeaux numériques, Metaverses) est déjà en train de démultiplier les possibles dans de nombreux domaines : la conquête spatiale, la médecine de pointe, les villes intelligentes (Smart Cities), l’informatique quantique, etc. Du point de vue individuel et collectif, cela nous emmène vers un futur où les innovations vont enfin apporter des réponses concrètes aux grands défis de l’humanité : réchauffement climatique, transition énergétique, explosion démographique, accès à la santé et risques sanitaires. Alors que beaucoup d’observateurs et d’experts nous prédisent une « virtualisation du monde », je suis au contraire convaincue que cette nouvelle vague de progrès va nous permettre de reprendre la main sur le monde qui nous entoure. Elle va nous ancrer dans les enjeux du siècle.

Vous ne croyez pas à la fin du Progrès mais plutôt à un réenchantement de celui-ci grâce à l’avènement d’un monde digital au service de l’humanité et des transitions. Cela va à l’encontre des discours collapsologistes. Comment partager cet optimisme avec l’opinion publique ? et notamment avec une partie de la jeunesse qui bifurque ?

A la foi scientifique de la fin du XIXe siècle et à l’optimisme technique des Trente Glorieuses ont en effet succédé un retour des peurs et des discours déclinistes, comme si nous étions entrés dans une époque « post-progressiste ». En France, cela tient en grande partie à la désindustrialisation et au manque d’attractivité du secteur : nous avons cultivé un imaginaire digne de Germinal qui a fait de l’industrie un repoussoir absolu, à commencer pour les jeunes diplômés ! Ce qu’il faut expliquer au grand public, c’est que l’industrie est une fabrique de la modernité et de l’avenir. Elle a un rôle crucial à jouer dans le monde qui vient. Elle sera le principal vecteur d’innovation au sein d’une civilisation digitale décarbonée. Que les jeunes se mobilisent face à l’urgence climatique et aux perspectives d’effondrement est une excellente nouvelle et un gage d’espoir. Le message que je souhaiterais leur faire passer, c’est que le développement de la filière industrielle est la meilleure chance de relever cet immense défi planétaire.

Comment concilier résilience écologique et progrès technologique et numérique ?

Opposer progrès digital et résilience écologique constitue une erreur. Même si des efforts doivent encore être consentis pour réduire l’impact carbone et la consommation énergétique des dispositifs technologiques, tout prouve que les innovations actuelles vont dans le bon sens. Les jumeaux virtuels permettent par exemple à leurs utilisateurs de concevoir, de tester et de modéliser de nouveaux produits et processus durables en un temps record. Il s’agit d’un point de convergence où la Révolution Multivers fait rimer rentabilité et soutenabilité. C’est également le cas pour l’économie circulaire, le recyclage des ressources ou l’avènement des villes intelligentes.

Notre pays et notre espace européen est il prêt pour relever ces paris industriels, technologiques et politiques ?

Notre capacité à nous adapter à ce nouveau paradigme, en orientant nos investissements vers les secteurs d’avenir pour créer de futurs géants européens, constitue l’un des clés pour la compétitivité de la France et de l’UE. Si nous pouvons déjà compter sur le dynamisme européen dans le domaine des CleanTechs (technologies propres) et l’excellence de la recherche, il faudra aller plus loin en soutenant l’industrie des semi-conducteurs, du spatial et de la cybersécurité. Les projets de cloud souverain comme Numspot – auquel s’est associé Dassault Systèmes – ont également une importance cruciale pour préserver le contrôle de nos données et la souveraineté industrielle européenne.

Pourriez vous nous dire quelques mots sur votre groupe Dassault Systèmes et sa place sur ce secteur, ses enjeux et ses engagements ?

Dassault Systèmes est le leader mondial des jumeaux virtuels. Nous mettons la technologie d’innovation, de modélisation, de simulation, de production, d’opérations de ces jumeaux virtuels (qui représentent le monde physique) sur notre plateforme 3DEXPERIENCE pour permettre à nos 350 000 clients d’innover de façon plus durable. Nous sommes aujourd’hui au cœur des principaux programmes d’innovation mondiale, de l’aéronautique aux voitures électriques, en passant par des domaines aussi divers que la santé, l’énergie et les infrastructures.

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