Le Château de Courances fait sa révolution bio

Agriculture bio ou de conservation ? Pour restaurer les terres du Château de Courances, Valentine de Ganay a choisi de combiner les deux approches, dans une expérimentation agricole unique en île-de-France.

 

Dans le Gâtinais, à une cinquantaine de kilomètres de Paris, s’est engagée l’expérimentation agricole la plus ambitieuse d’Île-de-France, sous la houlette de Valentine de Ganay.
Sur les 500 hectares du domaine de Courances qu’elle et sa famille possèdent en lisière de la forêt de Fontainebleau, cette agricultrice pétillante produit une alimentation durable en appliquant les principes de l’agriculture de conservation. Ce système de production consiste à maintenir une couverture végétale des sols en permanence, à ne pas travailler la terre et à diversifier les cultures.

De fait, au début de l’été, les champs autour du château sont couverts de fleurs sauvages. « Ils ont l’air d’être en jachère, non ? », s’amuse-t-elle. « Mais ces champs, nous ne les labourons pas. Nous semons les cultures dans les mauvaises herbes et nous laissons la nature faire le boulot. »

Valentine de Ganay, écrivaine dans une vie antérieure, a ouvert ce nouveau chapitre de sa carrière après le décès de son père en 2013. Après des décennies d’agriculture conventionnelle, elle a voulu restaurer le paysage autour du Château de Courances, splendide demeure familiale de style Louis XIII au bout d’une allée de gracieux platanes, dont le parc de 75 hectares fait partie des quarante « jardins remarquables » d’Île-de-France.

Bio vs conservation

Elle y voit l’occasion d’inventer quelque chose de nouveau, avec quelques conditions préalables : acquérir une formation, être accompagnée techniquement, ne pas s’endetter. Elle reprend donc des études d’agriculture bio, recrute, non sans difficultés, un chef des cultures, Bruno Saillet, et sollicite des subventions européennes et régionales.

Mais l’apprentissage de l’agriculture n’est pas un long fleuve tranquille, et elle doit surmonter quelques contradictions. « Je me suis retrouvée coincée entre deux chapelles : l’agriculture de conservation, qui honnit le travail du sol mais ne rechigne pas à utiliser un peu d’herbicide contre les mauvaises herbes, versus l’agriculture bio pour laquelle les pesticides sont l’Antéchrist mais qui laboure la terre. »

À Courances, elle décide de croiser les deux méthodes, tout en lançant en parallèle un chantier d’agroforesterie pour accélérer la restauration des sols. Plus de 1 800 arbres sont plantés sur les parcelles : à terme, ils aideront à convertir en bio la totalité des 500 hectares.

Du bio pour tous

Enfin, un jardin clos de 2,8 hectares, Les jardins de Courances, est certifié bio dès 2015. Ses fruits et légumes sont vendus aussi bien aux restaurateurs qu’aux particuliers dans deux points de vente locaux et sur la plateforme Tomato & Co (tomato-n-co.com).

« Même s’ils sont un peu plus chers que ceux des supermarchés, je ne veux pas que les produits bio soient réservés à une élite », assure Valentine de Ganay. « Leur qualité doit être au top, mais ils doivent être accessibles à tous, et je pense que le gouvernement devrait donner un coup de main pour qu’ils coûtent moins chers. »

Son rêve : que cette combinaison d’agriculture de conservation et d’agriculture bio inspire d’autres fermes, pour construire un futur vraiment durable. « Je ne ferais pas ce job si je n’étais pas convaincue que le bio est une solution pour tout le monde. »

 

Visiter le Château de Courances et son exploitation bio

 

Pascal de Rauglaudre

 

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