L’entreprise mutualiste : un modèle économique et civilisationnel !

Avec la parution du livre, « Tous Sociétaires ; l’entreprise mutualiste, un modèle pour la Société française du 21ème siècle » aux éditions Autrement, Adrien Couret, directeur général d’AEMA groupe, vante le modèle mutualiste à l’heure des grandes transitions.

Vous avez récemment signé l’écriture d’un ouvrage aux éditions Autrement ; « Tous Sociétaires ; l’entreprise mutualiste, un modèle pour la Société française du 21ème siècle ». En quoi le modèle mutualiste répond-il à la diversité des défis économiques et sociétaux du moment ?

Adrien COURET – Le modèle d’entrepreneuriat valorisé par l’économie sociale et solidaire, et en particulier le modèle mutualiste, est certainement le plus à même de répondre aux défis écologiques, sociaux et sociétaux auxquels nous sommes confrontés. Il est urgent de l’étendre, de le renforcer, de le généraliser. La crise que nous traversons n’a fait que renforcer cette intuition qui nous habite depuis longtemps.

Avec Aéma Groupe, nous entendons remplir ce rôle.

Dans ce contexte, le modèle mutualiste, dont les principes fondateurs sont ceux de la solidarité, de la responsabilité et de la redistribution pour le bien commun, implique de fait que le bien-être des adhérents, sociétaires, prime et non la perspective de rentabilité. Un atout de taille pour répondre aux nouvelles formes de gouvernance qu’il va falloir mettre en place, entre les acteurs publics et privés, pour gérer et financer ces sources d’inquiétudes grandissantes.

Notre raison d’être est plus que jamais une raison de faire, d’agir ensemble, nous invitant à nous projeter sur des réalisations de long terme, ce que notre modèle nous permet davantage.

Le modèle mutualiste est garant d’une vision pérenne de l’entreprise.

La Macif a été pleinement associée au Parlement des Jeunes qui a réuni fin 2021 plus de 1000 jeunes au théâtre du Châtelet. On constate chez une grande partie de cette jeunesse une défiance vis-à-vis du monde économique et des entreprises. Elle veut renoncer à s’engager à contribuer à un monde économique non vertueux. Vous, qui après être sorti d’HEC, avez choisi d’intégrer le mutualisme et dirigez maintenant le groupe AEMA, voyez-vous l’ESS être l’avenir de l’économie ? Le Mutualisme est-il une réponse à cette défiance de la jeunesse ?

La vocation d’un groupe mutualiste est d’être utile aux sociétaires et non à des actionnaires. Ce qui nous guide, c’est de développer la mutuelle à travers le service apporté. Nous abordons tous nos projets, même digitaux et data, sous un angle humain et sociétal.

Notre modèle de gouvernance résonne particulièrement avec les nouvelles attentes de la société et je pense que sur les questions sociétales nous avons en tant que mutuelle une vraie valeur ajoutée auprès des Français.

C’est un modèle singulier dont le projet économique sert avant tout le projet humain.

Parce que nous n’avons pas d’actionnaires à rémunérer, il est plus facile d’aligner nos intérêts à ceux de nos assurés. Le modèle mutualiste est éminemment moderne, vertueux et performant, et sa différence est largement plébiscitée auprès des Français et particulièrement sur les questions très actuelles des complémentaires santé, ou sur l’implication avérée des assureurs mutualistes pendant la crise.

La relation entre l’assuré et l’assureur que nous sommes, n’est pas qu’une simple « relation client ». Elle embrasse un champ plus large d’actions et d’interactions au service d’une protection solidaire et inclusive. Cette posture nous positionne naturellement comme un tiers de confiance.

C’est une caractéristique ancrée dans notre ADN et qui est vécue dans notre organisation. Par exemple, quand je propose un projet au conseil d’administration, on ne me demande pas combien cela va rapporter mais à quoi cela va servir. Nous ne sommes pas gouvernés par des actionnaires mais par nos assurés, sociétaires ou adhérents. Dans un groupe comme le nôtre, le management se fait beaucoup sur le sens.»

Je reste convaincu que l’alignement des intérêts des différentes parties prenantes de l’entreprise – collaborateurs, actionnaires, dirigeants, partenaires… et leur conviction partagée quant à la responsabilité et à l’impact de l’entreprise à long terme, seront les clés de voute permettant de garantir un équilibre pérenne entre sa performance économique et son empreinte sociale, sociétale et environnementale.

A l’occasion des élections présidentielles, votre groupe, a élaboré un document très riche fait de constats chiffrés sur les craintes et attentes des Français. Vous répondez globalement à ces attentes en y proposant une démarche globale, qualifiée de « Prévenance ». En quoi cette démarche, qui pourrait n’être qu’un slogan, structure-t-elle et engage-t-elle AEMA groupe ?

Parce que la définition de la notion de « prévenance » renvoie bien aux attentes spécifiquement assurantielles de réponse à des besoins concrets (niveau métier) autant qu’à cette attention bienveillante et altruiste (niveau mutuelle) vis-à-vis de ses sociétaires. Elle est simple : « La prévenance consiste à aller au-devant des besoins d’autrui ».

La prévenance c’est tout à la fois mettre la force du collectif au service du mieux-être individuel, mais aussi garder un contact permanent avec ceux que nous protégeons et nos partenaires en cultivant notre maillage territorial.

Nous avons pour ambition de bâtir l’avenir de la protection en France. Nous sommes un groupe mutualiste référent et 5eme assureur en France dédié à la protection de plus de 1 français sur 6 (soit 11 millions d’assurés). En tant qu’assureur mutualiste, nous avons une responsabilité qui dépasse largement le champ purement « matériel » de notre métier.

C’est avant tout la proximité, l’humanité, la solidarité qui sont au cœur de notre modèle relationnel et de notre accompagnement au quotidien de notre communauté d’assurés. Je le rappel, notre projet économique est au service de l’humain. Avec Aéma Groupe, nous avons construit un modèle d’entreprise inédit, basé sur la coopération, quasi unique sur le marché, dans le but de renforcer notre capacité à couvrir tous les besoins en matière de protection.

Dans un contexte bouleversé par la crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales, il a paru essentiel pour Aéma de combiner la prévention, la protection, l’accompagnement et le soin. Pour construire notre vision, nous avons choisi de nous centrer autour de la notion de prévenance. Cela s’exprime à travers notre proximité et notre capacité à accompagner chacun dans un monde toujours plus changeant et plus complexe, y compris en anticipant les évènements et les tendances, par la prévention et par une action menée au sein de la société.

Dans ce plaidoyer, vous présentez 9 propositions à nos gouvernants mais aussi au monde économique. Pourriez-vous en détailler certaines ?

Premièrement, je retiendrais l’enjeu de Repenser la gouvernance :

 Le temps est venu de faire entrer les représentants de la société civile dans les conseils d’administration. Une des priorités devrait aussi être de réviser les modalités de rémunération des dirigeants. Celle-ci ne peut plus dépendre des seules performances économiques, elle doit intégrer des objectifs extra-financiers. Une idée loin d’être révolutionnaire, mais qui mérite d’être appliquée et essaimée.

Intégrer les valeurs de la société dans l’entreprise :

  • Ouvrir les instances de gouvernance des entreprises à des représentants de la société civile, pour mieux intégrer les valeurs sociales, solidaires et environnementales au plus haut niveau, là où se situe le pouvoir d’orientation, d’objectivation et de décision.
  • Indexer la rémunération variable des dirigeants sur des critères de performance extra financière, en plus des critères économiques habituels, de sorte que la recherche de profit ne soit pas la seule boussole dans leurs prises de décisions. »

Faire entendre la voix de ceux que nous représentons et proposer une meilleure articulation Public/privé. La particularité d’une mutuelle c’est de partager la responsabilité, de faire s’exprimer chaque sociétaire ou adhérent dans toutes les prises de décisions et au plus haut niveau – cela passe par les élus qui œuvrent quotidiennement sur le terrain au plus près des assurés. En cela, et parce que nous portons finalement la voix de plus d’un français sur 6 nous avons les moyens de nous faire entendre auprès des pouvoirs publics notamment et de véritablement agir pour une société plus durable.

Deuxièmement, il s’agit de Valoriser les modèles économiques alternatifs :

Il est désormais acquis dans les mentalités que l’entreprise a une responsabilité dans la société dont elle fait pleinement partie. Le progrès ne peut plus se concevoir comme seulement scientifique, mais également comme social et environnemental.

Il convient de se tourner vers des modèles alternatifs qui ont fait leur preuve. Le modèle mutualiste en est un.

En cette période de relance, le monde de l’ESS aura un rôle clé à jouer dans l’amortissement de la crise économique et sociale en cours, en contribuant à revisiter les priorités économiques et en proposant une autre manière d’entreprendre. Une nouvelle preuve que les modèles alternatifs existent, sont résilients en temps de crise, compatibles avec les impératifs de relève économique de notre pays et garantissent une projection à long terme de l’entreprise.

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