Les crapauds fous sauveront-ils le genre humain ?

Thanh Nghiem, Cédric Villani et 34 personnalités viennent de publier le Manifeste des crapauds fous. Leur but ? Mobiliser tous les citoyens autour d’un nouveau « vivre ensemble ».

Les crapauds fous ne sont pas des moutons. Contrairement aux crapauds « normaux » qui se font écraser en masse sur les routes lors des migrations amoureuses des batraciens, eux sont plus astucieux : ils empruntent les crapauducs judicieusement aménagés par les sociétés d’autoroutes pour rejoindre les étangs où ils vont s’ébattre. Et grâce à eux, l’espèce se perpétue.

Thanh Nghiem, brillante ingénieure, spécialiste du développement durable et auteure de plusieurs TED Talks, et Cédric Villani, mathématicien célèbre et jeune député, veulent être les « crapauds fous » de la société française, prêts à faire tomber toutes les certitudes confortables de la « pensée simplifiée ». Ils ont réuni 34 autres crapauds fous, scientifiques, entrepreneurs, militants engagés dans le changement de société pour rédiger le Manifeste des crapauds fous (Éd. Massot, 2017).

Il s’agit de proposer aux Français de les rejoindre par un travail intérieur qui vise à changer le monde et à « hacker l’avenir ». Grâce à une série de principes, d’outils et de solutions concrètes qui forment le cœur du manifeste, ils veulent mobiliser tous les citoyens dans un sursaut « salutaire pour l’espèce humaine », et construire un nouveau « vivre ensemble » avec l’espoir d’éviter le péril majeur qui pèse sur notre civilisation.

 

Trois tsunamis périlleux

Ce péril prend, selon eux, la forme de trois « tsunamis ». Le premier est le danger écologique et climatique, « un cauchemar pour des milliards de gens ». Le second, les fake news et les bulles d’informations, menace la démocratie et fait le lit du repli communautaire et de l’extrême-droite. Le dernier, celui de l’intelligence artificielle, du machine learning et du big data, risque d’aboutir à la domination de l’humain par les algorithmes.

D’après Thanh Nghiem, « le cumul de ces trois ‘tsunamis’ peut provoquer le véritable ‘saut quantique’ du changement, c’est-à-dire le réveil des consciences de la moitié de la population. »
Ce réveil passe par la neurodiversité, le changement par la culture et la réappropriation du big data. Concrètement, des outils collaboratifs seraient mis en ligne, comme une sorte de Wikipédia dédié au changement, pour que chacun trouve la façon d’agir qui lui correspond et gagne « la mare aux crapauds » en toute sécurité.

 

L’Europe incontournable

Surtout, les auteurs jugent l’Europe « incontournable » pour faire pièce aux Etats-Unis et à la Chine. « Avec ses 200 millions de consommateurs, l’Europe est le seul continent à porter des valeurs universelles sur l’écologie, la démocratie et une humanité désirable. Elle a la bonne taille pour développer des alternatives aux GAFAM, comme Qwant ou Lilo, et rapatrier sur notre sol les données personnelles des Européens. »

Une idée parmi d’autres soulevées dans le Manifeste : mettre l’intelligence artificielle au service du plus grand nombre, grâce à un usage plus raisonnable des données personnelles et à un accès démocratisé aux outils collaboratifs. Ainsi les besoins sociaux seraient-ils mieux appréhendés et mieux satisfaits. Les « civic tech », ces startups qui veulent renforcer le lien démocratique entre les citoyens et le gouvernement, travaillent déjà sur ces questions.

« Le Manifeste n’est pas un livre, lit-on sur le site Internet des Crapauds fous. C’est un processus vivant, qui se nourrit des apports de chaque nouveau venu. » Il ne reste plus aux crapauds fous qu’à se multiplier pour redonner à nos sociétés l’enthousiasme pour l’avenir qu’elles ont perdu.

 

CRAPAUD FOU

 

Pascal de Rauglaudre

 

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