L’Oréal : « Notre vision RSE est forcément ambitieuse »

En lançant le programme Sharing beauty With All, L’Oréal s’est engagé à se transformer en profondeur. Objectif : un business model toujours plus responsable et durable, avec plusieurs engagements à l’horizon 2020. L’occasion de faire un bilan d’étape avec Alexandra Palt, Directrice Générale en charge de la Responsabilité sociétale et environnementale de L’Oréal, partenaire du Parlement des Entrepreneurs d’avenir en 2020.

 

Entrepreneurs d’avenir – L’Oréal a lancé en 2013 à votre initiative le programme de responsabilité environnementale et sociétale Sharing beauty With All. Pouvez-vous en rappeler les objectifs ?

Alexandra Palt – Ce programme, impulsé en 2013, vise à structurer la transformation durable de l’ensemble du business model de L’Oréal. Il cible les impacts environnementaux et sociaux du groupe, depuis la conception de nos produits jusqu’à leur consommation, en passant par le sourcing de nos ingrédients, le processus de production, etc., en fixant des objectifs à 2020. Par exemple, améliorer l’empreinte environnementale ou sociale de 100 % de nos nouveaux produits, ou encore réduire de 60 % l’empreinte de notre activité industrielle. Nous avons déjà réussi à diminuer les émissions de carbone de nos usines et centrales logistiques de 77 % en valeur absolue depuis 2005, alors même que le volume de notre production a augmenté de 38 % sur la même période. Le marketing aussi doit se transformer : les marques doivent évaluer leur propre empreinte, s’engager pour des causes et communiquer avec les consommateurs. Enfin, nous travaillons sur le partage de la croissance avec nos salariés, nos fournisseurs et les communautés avec lesquelles nous interagissons. Cette vision est forcément très ambitieuse, sinon elle n’aurait pas lieu d’être.

Comment avez-vous assuré le suivi de ce programme ? Et comment votre politique est-elle certifiée ?

Nous avons construit des indicateurs pour mesurer les progrès, indicateurs qui sont ensuite audités chaque année par des Commissaires aux Comptes. L’Oréal a également mis en place une revue régulière du déploiement de son programme développement durable par les équipes d’audit interne. Notre reporting est évalué par des organisations internationales (CDP, World Resources Institute, Global Compact des Nations Unies). Depuis trois ans, L’Oréal est l’une des deux entreprises les plus reconnues dans le monde pour ses engagements carbone, forêt et eau et pour le reporting qu’elle en fait. Et j’ajoute que notre politique de responsabilité environnementale et sociétale est globale : nous imposons les mêmes exigences dans tous les pays où nous sommes présents.

Pour élaborer une politique de responsabilité environnementale et sociale, les entreprises doivent sortir de leur zone de confort. Comment faire quand on est une grande entreprise comme L’Oréal ?

Il faut avoir une vision réaliste de l’avenir. Le changement climatique, la raréfaction de l’eau, les catastrophes environnementales, et toutes les transformations auxquelles nous allons faire face vont nous faire sortir de notre zone de confort. Nous n’aurons pas le choix : nous devrons nous adapter et aider toutes nos parties prenantes à s’adapter. Sortir de notre zone de confort, c’est un enjeu vital !

Avec quels partenaires travaillez-vous pour bâtir cette vision réaliste de l’avenir ?

Nous concevons tous nos projets de terrain avec des partenaires locaux, en particulier des ONG. Nous les consultons sur toutes les questions difficiles, et nous demandons leurs feedbacks. Prenons l’exemple de l’huile de palme en Indonésie et en Malaisie : nous partageons notre politique d’approvisionnement durable avec les ONG, et nous les invitons à nous challenger. Nous encourageons les petits producteurs à adopter des pratiques agricoles durables.

Les jeunes diplômés aujourd’hui exigent des entreprises des engagements concrets sur le développement durable. Quelles réponses le groupe L’Oréal peut-il leur apporter ?
Les jeunes diplômés sont de plus en plus exigeants : ils ne veulent plus intégrer des entreprises qui ne font pas preuve de responsabilité en matière de développement durable, en particulier au regard de l’urgence climatique. Le programme Sharing Beauty With All, avec ses engagements ambitieux, concrets et mesurables, est une très bonne réponse à ces interrogations. Chaque année, nos avancées sont mesurées de façon chiffrée et les résultats sont accessibles à tous. Par ailleurs, notre prochain concours « Brandstorm », qui permet à des étudiants en marketing venus du monde entier de « pitcher » un projet innovant au top management de L’Oréal, aura pour thématique le développement d’alternatives au plastique pour nos packagings. Il permettra d’identifier de nouveaux talents très engagés sur les enjeux de développement durable. Les faits ont plus de poids que les mots. Nous espérons que les étudiants sauront nous juger sur nos résultats.

L’Oréal est partenaire du Parlement des Entrepreneurs d’avenir, qui a pour slogan « Humanisons le progrès ! » Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ce slogan m’évoque le besoin de n’exclure aucun acteur souhaitant ajouter sa pierre à l’édifice et d’arrêter de fonctionner avec des a priori ! Il faut regarder les grandes entreprises autrement et les juger sur leurs résultats concrets. Il n’y a pas d’un côté les bons, de l’autre les méchants, le monde est plus complexe. Dans toutes les entreprises, il y a des gens qui veulent sincèrement avancer, et c’est avec eux qu’il faut unir ses efforts. Ce changement des mentalités est nécessaire, sinon, on ne va pas s’en sortir.

Tout ce qu’il faut savoir sur la politique RSE de L’Oréal

 

Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre

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