Nolan Dias-Tomaszower : l’espoir politique qui émerge des bancs du Lycée

Lycéen visionnaire et défenseur du climat, Nolan Dias-Tomaszower façonne l'avenir éducatif et politique. De la salle de classe à la scène internationale, il incarne une jeunesse déterminée et engagée.

 

Entrepreneurs d’avenir : Un mandat au Conseil supérieur de l’Éducation, une tribune sur le bien-être des jeunes parue dans le monde, Vice-président de l’association des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat… Nombreux sont vos engagements autour des enjeux de transition et de la place des jeunes. Quelles sont vos motivations ou les constats déterminants qui ont façonné votre volonté d’agir ?

Nolan Dias-Tomaszower : Notre société est en évolution et en construction perpétuelle. C’est dans cette dynamique que j’ai toujours souhaité m’inscrire : ne pas seulement être spectateur d’un monde en mouvement, mais bien un acteur de celui-ci. Mon « déclic » personnel a eu lieu en entrant au collège lorsque j’ai découvert l’ampleur de la catastrophe climatique. Je ne pouvais rester insensible face à ce qu’il se jouait sous mes yeux et j’ai donc décidé de m’investir de mon mieux, à mon échelle. Cela a d’abord commencé au sein de mon collège, puis au travers le Parlement Régional de la Jeunesse de la Région Sud et maintenant au travers mes mandats d’élu lycéen ainsi qu’au sein d’associations engagées sur les problématiques climatiques. J’ai compris au travers ces engagements que la jeunesse pouvait avoir une voix et aujourd’hui j’ai l’immense privilège de porter celle des 2,2 millions de lycéens français au Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse. Ce mandat m’oblige et m’honore et j’essaye de porter au maximum des sujets souvent mis sur le côté, tels que la santé mentale ou la démocratie scolaire. Les jeunes ont souvent du mal à s’investir dans la vie de la Cité, car ils ne se sentent pas légitimes. J’ai envie de montrer que non seulement, nous sommes légitimes, mais que nous, jeunesses, sommes une réelle force de changement.

 

En tant qu’élu représentant des lycéens au Conseil Supérieur de l’Éducation, quelles sont les refontes que vous envisagez dans les programmes ?

Depuis le début de mon mandat en avril 2023, je n’ai eu qu’une seule boussole : celle de la volonté des lycéens. Dans ce contexte, nous avons, avec ma collègue élue au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE), commencé à travailler sur la verdisation des programmes dès le collège avec en particulier la modification du programme des sciences du cycle 3 (CM1- CM2-6ème). Ce que nous souhaitons et appelons de nos vœux, c’est un réel enseignement interdisciplinaire sur ce sujet tout au long de la scolarité : face à un problème global, il nous faut des réponses globales ! Nous nous sommes aussi impliqués dans la réforme de l’Education Morale et Civique (EMC) en travaillant avec des membres du Conseil Supérieur des Programmes. Les heures d’EMC sont depuis de longues années vécues par les élèves comme des moments descendants ou des heures d’exposés dont on ne tire que peu de choses. Ce que nous demandons et avons globalement obtenu, c’est de faire de l’EMC un enseignement basé sur l’échange ainsi que sur la co-construction avec les élèves. La citoyenneté ne s’apprend pas, elle doit se vivre. Au CSE, nous portons aussi des mesures pour donner plus de place à la parole des jeunes via la démocratie scolaire et nous faisons notre maximum pour porter le sujet du bien-être des élèves. Enfin, nous travaillons sur des avancées et améliorations de la plateforme Parcoursup.

 

Votre engagement gravite autour de la place de la jeunesse dans la prise de décision politique notamment, comment espérez-vous que cette dernière évolue ?

La légitimité accordée par les politiques à la jeunesse est un sujet important et nécessaire alors que les décisions prises aujourd’hui nous concerneront, nous jeunes, demain. Il y a eu depuis une dizaine d’années de grandes évolutions pour donner une voix à la jeunesse. Que ce soit au sein d’institutions (le Parlement des Jeunes en est l’exemple), au sein de l’École ou au sein d’associations, les jeunes peuvent désormais avoir une place qui n’a jamais été accordée auparavant. Néanmoins, cela ne suffit pas, car les jeunes sont encore bien loin d’avoir la même place que les autres acteurs. Il faut aujourd’hui que notre société passe de la simple entente des jeunes, à l’écoute active de leurs idées et de leurs propositions. Les jeunesses l’ont prouvé à de nombreuses reprises, elles sont une réelle force de proposition et nos décideurs ont aujourd’hui besoin de le comprendre. À l’heure où les jeunes se sentent de moins en moins représentés par les élus et si nous souhaitons construire une démocratie intégrant tous ses acteurs, il nous faut les intégrer aux processus de décision. Notre société tout comme notre démocratie a la maturité nécessaire pour accompagner cette intégration maintenant, il faut de l’action politique.

 

Comment l’Association des Jeunes Ambassadeurs pour le climat, dont vous êtes le Vice-président, se mobilise et par quels leviers tentez-vous de faire bouger les choses ?

Notre association utilise depuis sa création deux leviers d’action principaux. Le premier est celui des négociations internationales. Avant chaque session de négociations (COP ou intersessions), nous établissons, avec plusieurs associations engagées sur le climat, un plaidoyer de propositions et de volontés des jeunesses françaises. Nous travaillons aussi quotidiennement avec les deux Jeunes Délégués pour le Climat, qui sont membres de la délégation interministérielle en charge des négociations internationales sur le climat, pour préparer ces conférences. Lors des sessions de négociations, nous envoyons plusieurs membres de notre association porter nos propositions. Au travers ce levier, nous souhaitons agir au plus haut niveau en apportant un avis de jeunes sur des problématiques qui les concerneront très bientôt. Notre deuxième levier est celui de l’éducation. Nous intervenons dans les classes, dans les établissements scolaires et parfois dans les entreprises pour partager nos connaissances sur les problématiques climatiques et essayer de sensibiliser le maximum de personnes aux enjeux qui y sont liés. L’éducation, mes engagements me l’ont prouvé un grand nombre de fois, est sans aucun doute l’un des leviers les plus puissants pour changer le cours des choses. Je suis intimement convaincu que c’est en formant et en sensibilisant ceux qui seront les politiques, les scientifiques, les artistes et plus globalement les citoyens de demain, que nous pourrons trouver des solutions aux problématiques climatiques.

 

Vous avez participé au Parlement des Jeunes 2023, dont la session finale se tenait au Conseil Économique Social et Environnemental le 14 décembre dernier. Que vous a apporté cette expérience ?

Comme je le disais tout à l’heure, il faut montrer aux jeunes qu’ils sont légitimes et qu’ils sont une réelle force de proposition. La séance finale du Parlement des Jeunes au CESE était exactement dans cette optique. Voir 170 jeunes, engagés et apportant des dizaines de propositions qui peuvent changer durablement la société sur un grand nombre de sujets, est une expérience forte de symbole qui prouve, une fois de plus, que les jeunes sont des acteurs légitimes. Plus personnellement, c’était une expérience très enrichissante, car discuter avec des collègues qui ont des engagements et des idées différentes apporte beaucoup à la construction personnelle ainsi qu’à la vision que j’ai sur certains sujets. J’ai aussi pu apprendre beaucoup sur des sujets sur lesquels je ne travaille habituellement pas et que je connais peu. J’espère que des initiatives telles celles du Parlement des Jeunes pourront se développer et prospérer !

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