Typicité et durabilité pour l’avenir des vins de Bordeaux

Le vignoble de Bordeaux est engagé depuis plusieurs années dans des démarches RSE, avec des résultats significatifs, explique Fabien Bova, directeur général du CIVB.



À l’occasion de la sortie du 2e rapport de développement durable de la filière des vins de Bordeaux, Fabien Bova, directeur général du Conseil interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), fait le point sur les efforts engagés par l’ensemble des métiers du vin en matière sociale et environnementale, et les résultats qui peuvent déjà être mesurés.

Entrepreneurs d’avenir – En quoi consiste la politique de responsabilité sociale et environnementale dans les métiers du vin ?

Fabien Bova – Nous avons développé en 2010 un Système de management environnemental (SME) pour aider les entreprises de notre filière (viticulture, négoce, caves coopératives) à se situer dans les pratiques environnementales et sociales. Ce dispositif permet à chaque entreprise de s’appuyer sur un diagnostic où tout son fonctionnement est remis à plat pour comprendre ce qui peut être amélioré : économies d’énergie, diminution des intrants et des phytosanitaires, baisse des passages dans le vignoble et donc de la consommation de gazole, réduction de la consommation d’eau, formation des salariés, respect de l’ensemble des règles. Plus de 400 entreprises sont engagées à ce jour dans le SME du Vin de Bordeaux, soit plus de 15 % des surfaces. Enfin, le CIVB soutient la création de Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE) pour accompagner la viticulture vers une triple performance économique, environnementale et sociétale, à travers trois projets : DD-I-VIN (Développement Durable et Innovation du Vin de Bordeaux), un réseau de partage d’expériences ; PHYT’INNOV, pour préparer des mutations plus profondes du secteur ; ECOCEP, pour créer une filière de valorisation énergétique des sous-produits de la vigne (économie circulaire).


Comment définit-on l’empreinte environnementale de la production viticole ?

Nous la mesurons par un bilan carbone, et les résultats sont publiés dans notre rapport de développement durable. Depuis que cette empreinte carbone est évaluée, nous avons enregistré une baisse significative de nos émissions de gaz à effet de serre : -9 % entre 2007 et 2012. Par ailleurs, nous avons défini un Plan Climat pour atteindre -20 % des émissions de la filière d’ici 2020 en approfondissant nos quatre axes d’engagement : économies d’énergie, d’eau, utilisation des énergies fossiles et création d’énergies renouvelables. Nous avons aussi élaboré une feuille de route 2016 avec une liste de vingt actions prioritaires, parmi lesquelles la pose de sous-compteurs d’eau et d’électricité pour mesurer la consommation, la mutualisation des collectes et de la gestion des déchets.

Les vignerons sont-ils réceptifs aux questions environnementales ?

Vous savez, le vigneron est en prise avec la nature tout au long de l’année. Les effets du changement climatique, il les a devant lui tous les jours dans son travail. Il en vérifie le résultat immédiatement, en mesurant le degré d’alcool, le taux de sucre, et en voyant la maturité arriver de plus en plus tôt chaque année.

Quelles menaces concrètes le changement climatique fait-il peser sur le vignoble de Bordeaux ?

N’oubliez pas que les vignobles du Bordelais sont situés sur le 45e parallèle. Donc pour le moment, nous enregistrons des effets plutôt bénéfiques. Là où le raisin arrivait rarement à maturité, il y parvient plus fréquemment. Mais si la tendance se poursuit, il va falloir changer de pratiques. Jusqu’à présent, par exemple, les vignerons cherchaient à profiter au maximum du soleil en effeuillant les vignes : ils ne pourront plus le faire. Dans une autre étape, ils devront probablement planter d’autres cépages. Mais dans le cahier des charges de la recherche, il y a un impératif : maintenir la typicité du vin de Bordeaux, tel que les consommateurs l’apprécient.

Justement, comment la recherche peut-elle aider les vignobles à faire face aux nouveaux défis environnementaux ?

Le CIVB sollicite la recherche agronomique sur ces thématiques depuis une vingtaine d’années. Par exemple elle modélise le développement des champignons et des insectes, ce qui permet d’appliquer des traitements au bon moment et à bon escient. Elle étudie les micro-organismes nécessaires aux pratiques viticoles, et donc la qualité du produit tout en diminuant les intrants. Bref, de l’entretien de la vigne au travail du sol, c’est un travail de longue haleine où l’ensemble des aspects sont scrutés à la loupe.

Le site du Conseil interprofessionnel du Vin de Bordeaux

Texte Pascal de Rauglaudre

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