Optic For Good : premier label pour lunettes & opticiens écoresponsables

En 2020, ce ne sont pas moins de 16 millions de lunettes de vues qui ont été vendues en France. Quel est l’impact du secteur de l’optique ? Carole Riehl, opticienne, a fondé le label Optic for Good, attribué aux marques qui possèdent de bonnes pratiques écologiques et sociales. Découvrez son ambition pour engager le secteur de l’optique dans une démarche active de responsabilité et de transition.

 

Entrepreneurs d’avenir : Carole, vous êtes opticienne et vous vous êtes lancée à cœur perdu dans une bataille. Celle d’engager le secteur de l’optique dans une démarche de responsabilité globale. Pourriez-vous nous décrire la situation du secteur et est-il en retard par rapport à d’autres secteurs de l’industrie ?

Carole Riehl : J’ai commencé à m’intéresser à l’écologie en optique-lunetterie en 2014 via mon blog Les lunettes écologiques. Je n’avais repéré que 3 ou 4 marques à l’époque sur internet et mes investigations ont commencé dans les salons de l’optique.
Autant dire que j’étais une extra-terrestre…
J’ai vu évoluer le rapport à l’écologie dans mon métier assez lentement. Après l’écologie, l’éco-responsabilité a pris le pas. Puis la RSE est arrivée.
Elle s’installe timidement en 2019 en optique-lunetterie pour prendre un essor durant le Covid et pour exploser en 2021 via les marques sous licence qui occupe la majorité du marché et régies par des grandes entreprises qui embauchent des personnes spécialisées pour ce département.
Les marques de créateurs et indépendantes suivent comme elles peuvent le mouvement ou le laisse de côté pour suivre leurs envies de création.
Dans tous les cas, en optique-lunetterie, la RSE prend le pas sur l’écologie…
N’oublions pas que la lunette est avant tout un produit de santé soumis à une législation médicale : ça, en plus d’une RSE imposante, les questions écologiques restent aujourd’hui en second plan.

Vous avez fondé le label Optic for Good, appellation attribuée aux marques qui possèdent de bonnes pratiques écologiques et sociales, dans l’univers de l’optique. Quels sont les fondamentaux du label et quels sont les acteurs de l’optique qui l’ont adopté ?

Le label repose sur une charte qui reprend les notions de RSE, des normes environnementales, des points du zéro déchet sur tout le process du cycle de vie des lunettes jusqu’à la gestion de sa fin de vie. Sans oublier la partie sociale où le label fait attention aux relations humaines en amont de la production et lors de la distribution des collections.
J’y ai ajouté 2 aspects innovants avec la bienveillance pour le côté humain et l’ingéniosité qui peut s’apparenter à la résilience.
Cette charte est le socle de mon audit qui me permet de vérifier les engagements sincères d’une marque de lunettes.
Ce label s’adresse aux marques de lunettes françaises et internationales indépendantes. J’ai adapté par la suite ce label aux opticiens français afin de créer une communauté de confiance et d’entre-aide entre acteurs engagés.

Vous dites que « la lunette doit être pensée comme un objet durable ». Cela va à l’encontre du discours des opticiens qui encouragent les consommateurs à changer de monture. Comment construire ce cercle vertueux ?

Effectivement, il va y avoir un changement de paradigme en instaurant la notion de lunettes durables.
L’opticien n’encourage pas le consommateur à changer de monture à chaque nouvelle ordonnance, le système a été pris dans un engrenage qui s’auto-alimente… Comment savoir si l’œuf ou la poule a d’abord existé, je ne m’avancerai pas à dire qu’untel est plus responsable que l’autre. Pris dans ce système de consommation à outrance, la boite de Pandore a été ouverte et on a donné la possibilité aux consommateurs de changer de lunettes à chaque ordonnance et les opticiens ont suivi en proposant facilement ce changement pour éviter de répondre à d’éventuelle problème de casse et SAV en tout genre.
Nous sommes à 16 millions de lunettes à la vue vendue en France aujourd’hui. Ce chiffre augmente chaque année : où passent ces millions de lunettes déjà vendue auparavant ?

Bref, pour arrêter de produire à outrance indéfiniment, il faut construire ce cercle vertueux en :
• formant les opticiens correctement aux gestes de réparation et d’entretien des montures et que ces gestes soient valorisés
• sensibilisant les lunetiers à l’écoconception et au calcul d’impact de leurs créations

Vous avez récemment créé l’association Recycloptic pour structurer une filière complète de recyclage des lunettes. On aurait pu imaginer que le secteur était déjà engagé sur ce mouvement. Il ne semble pas que ce soit le cas. Comment encourager les acteurs de l’optique à s’engager ?

Je pense qu’il faut leur donner du sens à travers des actions concrètes et de la transparence.
Par exemple, nous avons mis en place la filière de recyclage de verres de présentation. Nous avions un acteur qui pouvait s’occuper du recyclage : tous m’ont demandé en quoi cela allait être recyclé.
Comme, la réponse était vague et non satisfaisante pour nos interlocuteurs, nous avons lancé une étude de recyclabilité afin de donner du sens à ce geste.
Et nous embarquons plus facilement les acteurs de l’optique qui s’intéressent au recyclage !
Et nous espérons que cette première initiative fera un effet boule de neige pour fédérer encore plus les acteurs de l’optique-lunetterie en montrant que C’EST POSSIBLE !

De quelles aides et soutiens avez-vous besoin pour faire grandir cette belle ambition ?

J’ai besoin du soutien de ma profession pour mon label afin d’identifier les acteurs écoresponsables du métier et faciliter la traçabilité et le calcul de l’empreinte carbone des acteurs du secteur. Mais aussi que l’industrie lunetière s’empare réellement du sujet de l’écologie car sans ça, nous n’obtiendrons pas d’aide de l’État.
Du côté de l’association, nous avons besoin d’experts et de mécènes pour nous aider à structurer une filière complète de recyclage pour le traitement de nos déchets spécifiques.
La santé, dont l’optique-lunetterie fait partie, est quand même le 3ème plus gros poste impactant en France, après le transport et l’énergie !

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