“Rien ne sert d’aller loin, il faut partir à poil !”

Sans argent, sans vêtements, sans équipe technique… Depuis 2012 dans l’émission Nus et Culottés diffusée sur France 5, Nans et Mouts voyagent à travers le monde grâce à la générosité de ceux qu'ils rencontrent.

 

Entrepreneurs d’avenir : Nans et Mouts, vous êtes les globetrotteurs de Nus et Culottés, vous voyagez à travers le monde grâce à la générosité de ceux que vous rencontrez. Vous êtes venus tous les deux prendre la parole à l’Université de la terre sur le thème de la joie. Comment oser la joie dans un monde où la guerre est omniprésente, où le climat s’effondre, où le climat s’emballe ?

Nans et Mouts : Nous sommes de plus en plus conscients de la souffrance autour de nous, celle des autres et du vivant en tout entier, et nous nous demandons si nous pouvons ou avons le droit d’être heureux dans tout ce chaos. Mais il y a une question encore plus importante à mes yeux : peut-on réellement contribuer à un monde meilleur sans être heureux ?
Etre heureux en ces temps troubles, c’est d’une part nourrir notre coeur de nouvelles réjouissantes. Il ne s’agit pas de faire l’autruche mais de porter notre attention sur ce qui nous nourrit véritablement. Soyons attentifs à la beauté de ce monde. “On entend un seul arbre qui tombe mais très peu la forêt qui pousse” dit le vieil adage.
C’est aussi prendre le temps de ressentir et laisser se transformer l’impact des nouvelles affligeantes. Nous vivons des deuils en permanence (perte de la biodiversité, perte des équilibres climatiques, perte de nos repères, etc.) et il y a une manière de vivre le deuil pour qu’il nous conduise au plus proche de notre coeur. Mais cela demande du temps et du soin, sinon, ce n’est que de l’angoisse et de l’éco anxiété.

Vous faites don à Emmaüs des vêtements qui vous sont donnés lors de vos voyages. Vous organisez des soirées solidaires, notamment avec La Croix Rouge il y a quelques jours. Quel place le don a dans votre vie ? Est-ce une façon pour vous de vivre l’aventure Nus et Culottés dans votre quotidien ?

Voyager sans argent comme on le fait, c’est se rendre complètement dépendant de la générosité des autres. Au début, on pouvait se sentir coupable en se posant la question : qu’est ce qu’on donne en échange ? Mais à force de recevoir, il y a un mouvement naturel qui se met en place, l’envie d’offrir à notre tour. Et on trouve notre manière de donner, même sans argent. C’est un cercle vertueux, une dette positive. Apprendre à recevoir, c’est apprendre à offrir. Je ne pense pas que le don soit une manière de vivre l’aventure nus et culottés au quotidien, c’est une manière de vivre tout court, et ça concerne l’humanité toute entière. Une chose que ces voyages m’ont appris en rencontrant ces milliers de personnes : je ne connais pas de plus grand bonheur que celui de contribuer au bonheur de l’autre.

Au moment où la sobriété est plus que nécessaire, avons-nous besoin d’aller au bout du monde pour vivre un beau voyage ?

Un beau voyage nécessite que l’on soit dépaysé et transformé, oui. Mais le dépaysement ne vient pas du changement de paysage, il vient du changement de notre regard sur le paysage et les autres. Hors, notre manière de voyager est intimement liée à un récit collectif, qui s’est lui-même construit à une époque où notre conscience environnementale collective était encore très peu développée et que l’énergie coûtait peu chère. Aujourd’hui, nous mesurons davantage l’impact de nos modes de voyage sur le monde et sur notre porte monnaie. Et petit à petit, nous créons tous ensemble une nouvelle manière d’imaginer le voyage. Par exemple, les articles que nous peignons dans notre magazine “la tribu du vivant” sont une manière de réveiller notre émérveillement et curiosité. Les micros aventures et les rêves que nous poursuivons dans nos voyages nus et culottés sont une manière de réensemencer notre imaginaire collectif. A en voir le succès de l’émission, il est clair que nous sommes de plus en plus nombreux à privilégier l’authenticité de la rencontre avec l’autre et avec soi-même au nombre de kilomètres parcourus en avion. On pourrait dire que … “Rien ne sert d’aller loin, il faut partir à poil” 🙂

Votre relation aux autres, et plus largement au vivant, a-t-elle évolué au fur et à mesure de vos aventures ?

Oui, la posture que l’on prend dans nus et culottés est celle du passeur et du vagabond. On devient naturellement empathique et curieux à écouter les histoires de l’autre. Ce qui permet de régulièrement se souvenir de la puissance d’une écoute sincère et d’une présence entière. C’est rare de vivre ces moments-là quand le quotidien va vite. S’il y a eu une évolution, c’est d’oser encore plus prendre le temps de s’offrir cela avec nos proches.

Quelle est votre prochaine aventure ?

Ça, c’est secret, rendez-vous cet été pour le découvrir 😉

N’hésitez pas a faire un tour sur la Tribu du Vivant le site du magazine de Nans et Mouts pour réensauvager nos vies !

 

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